Notre commission d'enquête ne porte pas sur la question de la radicalisation qui engendre la violence et le terrorisme, mais sur la radicalisation en tant que telle. En Turquie ou en Égypte, avec l'action résolue des acteurs politiques que sont les Frères musulmans face à d'autres musulmans, la transformation est réelle et nous assistons à une évolution de l'islam. De même, nous constatons la destruction des structures traditionnelles de l'islam en Afrique de l'ouest, avec toutes ses conséquences sur la sécurité de toute la zone sahélienne. Cette destruction vient en grande partie d'une autre manière de vivre l'islam en provenance du Golfe. Cette émulation entre le salafisme et les Frères musulmans domine sur l'ensemble de l'islam. Au Maroc, l'institution royale empêche les débordements. En Tunisie, l'exemple égyptien a conduit à un blocage de la part des Tunisiens. Nous sentons néanmoins une pression. Notre pays n'est pas de même nature, en termes de religion majoritaire, mais ces évolutions dans les sociétés de ces pays, du fait de cette confrontation et de l'agenda politique des Frères musulmans et des salafistes, pourraient-elles se produire dans un pays non musulman ?
Par ailleurs, considérez-vous que les événements actuels en Arabie saoudite avec Mohammed ben Salmane peuvent changer fondamentalement la donne ?
L'islam est en outre une religion diverse. Comment faire en sorte que ceux qui souhaitent vivre de manière traditionnelle leur religion ne soient pas heurtés par ceux qui souhaiteraient imposer une interprétation spécifique de l'islam qui se veut dominatrice ?