Intervention de Mohamed-Ali Adraoui

Commission d'enquête Combattre la radicalisation islamiste — Réunion du 28 mai 2020 à 11h00
Audition conjointe de Mm. Mohamed-Ali Adraoui marie sklodowska curie fellow at the london school of economics centre for international studies et haoues seniguer maître de conférences en science politique à sciences po lyon chercheur au laboratoire triangle ens-cnrs umr 5206 lyon directeur adjoint de l'institut d'études de l'islam et des sociétés du monde musulman ehess-cnrs ums 2000 paris

Mohamed-Ali Adraoui, Marie Sklodowska Curie Fellow at the London School of Economics Centre for International Studies :

M. Ghannouchi, dans un article publié en 2015, considère par exemple que le khalifa n'est plus nécessairement opérant et appelle de ses voeux à une forme d'union des peuples musulmans sur le modèle de l'Union européenne. L'organisation État islamique, de son côté, détruit les frontières, par exemple entre la Syrie et l'Iran. Cette matrice ne peut donc être vue de manière homogène. Les discours des mouvements islamistes ont évolué sur le plan du respect du droit international et de l'identité islamique globale. Ils n'ont pas abandonné leurs principes mais les redéfinissent. Comme je l'indiquais en introduction, la caverne salafiste ou islamiste n'existe pas. Nous savons ce qu'ont été les évolutions doctrinales au sein des Frères musulmans depuis un siècle. L'idée d'un agenda caché ou d'un stratégisme occulte ne permet pas de penser de manière sérieuse et serine ce type de problématiques. Le salafisme, de même, n'est pas un mouvement centralisé. Quid par ailleurs de notre politique eu égard aux États du Golfe ? Nicolas Sarkozy et d'autres présidents avant et après lui étaient en bons termes avec les représentants du salafisme et du wahhabisme mondialisés. Je rappellerai la phrase de M. Sarkozy, en janvier 2008 : « L'Arabie saoudite pratique un islam modéré. » Tout musulman français qui affirmerait que le salafisme est un islam modéré ne serait plus républicain, de fait. Les contradictions sont donc nombreuses. Un certain nombre de discours n'ont de valeur que dans l'interaction entre les groupes et les contextes.

Madame la rapporteure, je suis en désaccord avec vous, parce que vos propos ne correspondent pas aux remontées du terrain. Les sociologues des mobilisations électorales, notamment celles et ceux qui travaillent sur les populations dites issues de l'immigration, font remonter depuis des années une forte critique eu égard à la capacité d'intégration du système politique français de ces nuances de citoyenneté. Lorsque nous avons travaillé sur le 93, certaines personnes nous ont indiqué : « Il n'y a pas de place pour nous. »

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