Le travail effectué à la Fondation s'articule autour de vingt-deux questions. Pour chacune, nous avons mis en avant ce qui fait consensus et dissensus dans la communauté scientifique, ainsi que les besoins de recherche. Ces besoins sont conséquents de la complexité biologique et écologique actuelle et du caractère aléatoire de ces phénomènes. Il est possible d'envisager des modèles, mais les processus biologiques tendent à échapper à cette modélisation. Cette limite nous encourage à investir fortement et rapidement pour combler les lacunes de connaissances. J'ajoute que l'ensemble des réflexions autour de la question des zoonoses, du Covid-19 et de l'érosion de la biodiversité s'inscrit dans les recommandations de l'évaluation mondiale de l'IPBES l'année dernière à Paris. Notre discours reste inchangé : déjà, nous alertions sur le fait que l'érosion de la biodiversité et la destruction des services écosystémiques se traduiraient par des conséquences sur le fonctionnement des sociétés humaines.
Nous avons également besoin d'outils nouveaux, en plus de l'Agence nationale de la recherche (ANR) au niveau français, qui gère la distribution des finances publiques vers la recherche. Il faut prioriser de tels enjeux sociétaux pour garder des approches de « blue sky research », blanches, où les chercheurs peuvent faire des propositions de recherche fondamentale et appliquée en fonction de leur vision. Il faut aussi prioriser les questions urgentes quant aux risques de multiplication des zoonoses et des pandémies, pour éviter que ce phénomène ne se reproduise à brève échéance, car ce scénario n'est pas impossible. Il est nécessaire de mobiliser rapidement des moyens financiers pour répondre à ces enjeux et à ces besoins de recherche.
La question portant sur l'OMS a également été soulevée par la ministre de la transition écologique et solidaire, en relation avec le travail que doit faire l'IPBES cet été. Nous avons réfléchi à la façon de sortir des silos. Il y a des réflexions fortes partagées sur les questions du climat, de la biodiversité et de la désertification, autrement dit des trois grandes conventions de Rio, mais qui aujourd'hui fonctionnent indépendamment. Comment mieux les faire fonctionner ensemble et améliorer les outils scientifiques qui leur viennent en appui ? Nous devons, pour avancer, inclure la communauté médicale dans ces réflexions, pour que le monde médical prenne en compte la dimension écosystémique des enjeux sanitaires actuels.