Intervention de Marie-Noëlle Schoeller

Réunion du 1er juillet 2020 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Situation des personnes âgées pendant le confinement

Photo de Marie-Noëlle SchoellerMarie-Noëlle Schoeller :

Ma question s’adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Monsieur le ministre, en 2003, le pays mesurait la part, le poids et la gravité de l’isolement dans la surmortalité de nos anciens. Il y eut un plan canicule.

En 2020, la pandémie induit des mesures drastiques de sécurité sanitaire : nos aînés sont, où qu’ils soient, isolés et même mis sous cloche. S’il était impératif de les protéger, comme les soignants, d’un virus pernicieux, convenait-il de le faire au détriment de toute humanité, au point d’oublier les enseignements de 2003 ?

Dans les structures médico-sociales, dès le 7 mars, il n’y a plus eu ni visites, ni journaux, ni livres, ni animations partagées, ni repas en commun ; la kinésithérapie a été réduite, les vêtements personnels parfois retirés. Reste le téléphone, pour qui n’est pas sourd, et Skype, s’il est du personnel pour assurer les liaisons…

En ville, l’aide à domicile se concentre sur les plus dépendants. Pour les autres, la solitude devient abandon : plus d’aide-ménagère, de visites, de kiné. Les accueils de jour sont fermés : tout s’arrête, et les repas sont déposés sur le seuil de la porte.

Tous les personnels ont fait le maximum pour que, en l’absence des familles, nos anciens soient entourés – sans protection d’abord, car oubliés du système, et sans les nécessaires renforts de personnel.

Reste que le coût humain est lourd : privés, sans le comprendre, de la présence de leurs proches, certains se sont laissés mourir de chagrin et d’ennui ; d’autres subissent des pertes irréversibles d’autonomie, sur le plan de la motricité – faute d’entraînement physique – ou de la mémoire – faute de repères et de stimulation. De vieux couples ont attendu trois mois pour se voir. Des familles ont eu la douleur d’enterrer leur mort à la sauvette, sans un dernier regard…

Monsieur le ministre, envisagez-vous d’établir pour l’avenir un plan Pandémie qui prenne mieux en compte les aînés et leurs proches ?

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