Intervention de Ladislas Poniatowski

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 1er juillet 2020 à 9h35
Audition de s.e. M. Ismaïl Hakki musa ambassadeur de turquie en france

Photo de Ladislas PoniatowskiLadislas Poniatowski :

Monsieur l'Ambassadeur, je suis un parlementaire français un peu triste de l'évolution de la Turquie et de l'évolution de nos relations avec ce pays. Comme vous le savez, j'avais rédigé avec Jean-Marc Todeschini un rapport sur la Turquie, assez franc, qui avait évoqué tous les sujets, y compris par exemple la politique intérieure. Nous nous étions rendus sur place au moment des élections municipales, qu'Erdogan avait perdues, puisque les deux villes les plus importantes avaient basculé. Nous avions parlé des problèmes kurdes, de l'Arménie de la Syrie et de ce qu'il se passait dans la zone d'Idlib ainsi que de l'évolution de la Turquie au plan international, en Afrique, dans le domaine aérien, dans le domaine culturel et sur le plan de la politique islamique. Nous avions aussi évoqué vos actions en matière d'immigration, qui constituaient l'un des points positifs. Ce rapport était, je crois, honnête à tous points de vue même s'il n'était pas tendre sur tous les sujets.

Je considère que la France est un grand pays occidental. La Turquie est un grand pays du Proche-Orient et un grand pays islamique. Nous pourrions faire de grandes choses ensemble mais nous n'en prenons pas la direction et je le déplore. Je ne fais pas seulement allusion à l'incident qui a eu lieu en mer au large des côtes libyennes. La conclusion de notre rapport était positive : nous souhaitions le développement des relations de toutes natures, notamment économiques, avec la Turquie. Nous avions aussi été clairs quant à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Nous avions expliqué pourquoi cette entrée, à nos yeux, n'était pas possible, ce qui ne vous avait pas plu.

Il faut aussi que la Turquie clarifie sa position à propos de l'OTAN. Le secrétaire général de l'OTAN vient de décider de lancer une enquête sur la Turquie et sur la position de celle-ci au sein de l'OTAN. Cela a été annoncé il y a quelques jours. Le président Cambon a cité la question des missiles S400. Nous avions aussi évoqué Chypre dans notre rapport. C'est le seul point sur lequel vous avez quelque peu évolué. Je sais bien qu'en tant qu'ambassadeur de votre pays, vous devez défendre la position officielle de votre pays. Je n'ai rien appris de vos propos sur la Libye et sur l'incident avec la frégate Courbet. Vous avez dit ce que vous deviez dire. Vous êtes là pour le dire. En ce qui concerne Chypre, vous avez bougé. Sur la carte des zones d'influence représentant les régions où la Turquie et où la Grèce souhaitent forer, une couleur a été modifiée - pas assez à mon goût. Des solutions internationales existent. Pour les forages, on sait faire. Les compagnies pétrolières savent comment procéder. Je regrette que vous ne bougiez pas suffisamment à mes yeux. En ce qui concerne l'OTAN, je pense que l'enquête portera sur l'ensemble de la Méditerranée - ce que vous y faites et ce que vous n'y faites pas - et votre évolution militaire. Vous ne pouvez pas encore répondre car l'enquête vient de démarrer. Je vous pose néanmoins la question : êtes-vous à l'intérieur ou à l'extérieur de l'OTAN ?

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