Vous avez largement insisté sur le fait que la vision stratégique d'une armée de Terre durcie était liée à l'analyse d'un nouveau cycle de conflictualité. Force est de constater que celui-ci a des origines multidimensionnelles. D'un point de vue militaire, vous avez évoqué le réarmement, et la prolifération technologique. Mais il convient de ne pas négliger les dimensions politiques, géopolitiques, et de déséquilibre social au plan planétaire. Le débat politique national autour de ces questions devra donc allier une vision stratégique à une stratégie de prévention multidimensionnelle des conflits. Sans cela, nous pourrions nous-mêmes alimenter un discours d'engrenage conflictuel.
Vous avez évoqué le maillage territorial. Qu'est-ce que le territoire pour l'armée de Terre ? Outre les opérations extérieures, et le territoire national se pose la question européenne, qui évoluera probablement dans les années à venir. Le retrait des troupes américaines peut aujourd'hui être envisagé.
Entre la suppression du service militaire, et l'improbable SNU, je considère que nous n'avons pas inventé pour l'heure quoi que ce soit qui puisse constituer un outil d'appropriation populaire et citoyen large des enjeux d'une armée d'aujourd'hui. Avez-vous des idées sur une manière de réinventer, dans les conditions actuelles, et avec une armée qui est désormais professionnelle, un lien démocratique entre l'armée et la nation d'une meilleure qualité ?