Intervention de Nicolas Guérin

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 1er juillet 2020 à 10h35
Table ronde relative aux impacts sanitaires et environnementaux de la 5g

Nicolas Guérin, président de la Fédération Française des Télécoms :

Je souhaite apporter une précision. Jean-Noël Tronc n'est pas à l'origine du seuil, qui n'est pas un seuil d'alerte, mais de sécurité sanitaire. Ce dernier a été fixé par l'OMS et pas par Jean-Noël Tronc.

S'agissant de l'urgence, il y a plusieurs façons de répondre à cette question. Nous sous-estimons l'usage de l'Internet mobile en France. Nous pensons à tort que c'est l'Internet fixe, via les ordinateurs, qui est le plus utilisé. Nous avons 68,4 millions d'abonnements mobiles en France. Les débits sur ces abonnements mobiles ne cessent de croître. La consommation moyenne d'un abonné 4G a triplé depuis 2016. L'année dernière, le débit mobile moyen a augmenté de 50 %. 51 % des Français utilisent le smartphone pour se connecter à Internet, versus 31 % via un PC. Nous constatons cette attente sur un internet mobile avec de plus en plus de débit. 77 % des Français ont un smartphone, un terminal qui permet de se connecter à Internet. Cette attente est présente et il faut y répondre.

En 2022, les réseaux 4G que nous possédons seront saturés. Nous aurons besoin de fréquences supplémentaires pour faire face à cette augmentation des besoins. Nous devons faire une distinction très claire entre la question de la santé des réseaux et la santé de l'usage. Vous parlez de surexposition des enfants à des écrans. Les opérateurs ne sont pas responsables de cela, ce ne sont pas eux les fournisseurs de contenu et de services. Les opérateurs fournissent une connectivité, un abonnement qui permet d'accéder à ces services. Tous les opérateurs sont d'accord pour travailler sur la sobriété numérique et éviter un sur-usage des services. Nous sommes prêts à y travailler.

Pour la question de l'urgence, un second volet a été abordé. C'est la compétitivité de la France. Aujourd'hui, en Chine, des villes comme Pékin ou Shenzhen se déploient massivement en termes de mobile 5G. On considère que les opérateurs chinois auront 110 millions d'abonnés dès l'année prochaine. Ils ont fait de la 5G une priorité nationale, un axe de conquête économique majeur. Il est question ici de robotique, d'intelligence artificielle, de smart cities, d'énergie intelligente. Concernant tous ces sujets-là, tant que nous ne serons pas en capacité de les déployer, de les tester, nous ne pourrons pas faire de proposition, ni développer une industrie en Europe et en France. Nous aurons juste le choix dans quelques années d'acheter des services à nos camarades chinois ou américains, puisque de l'autre côté aussi, ils travaillent très intensément sur ce sujet-là. Nous rappelons qu'il faut 12 à 18 mois pour implanter un réseau, pour développer des pylônes. Par conséquent, si les fréquences ne sont pas attribuées assez rapidement, nous accuserons du retard à l'égard de nos concitoyens qui attendent toujours plus de débit, et à l'égard des industriels avec qui nous travaillons déjà pour leur permettre de développer des solutions françaises de robotique, d'intelligence artificielle... Sur l'urgence, il y a un désaccord entre les opérateurs, mais il n'y a pas de désaccord sur le fond. Nous avons besoin de la 5G et il faut commencer à s'y préparer maintenant, sinon nous allons manquer le train et nous serons incapables de rattraper ce retard.

La deuxième question portait sur l'Internet des objets et les conditions d'exposition. La 4G diffuse par zones. Tout le monde est exposé, c'est la notion de parapluie. La 5G va se connecter et va cibler un client qui utilise un service 5G. Si vous utilisez un service 5G, l'antenne va suivre l'objet connecté pour le raccorder. Si vous n'utilisez pas d'objet connecté ou de service 5G, vous n'êtes pas exposé aux ondes 5G.

Concernant la multiplication des objets connectés, la réalité est que chaque objet connecté ne va pas augmenter le niveau d'exposition. Nous respecterons ces seuils de sécurité sanitaire pour chaque émission. Il n'y aura pas de surexposition. Chaque émission respecte les normes de santé. Et le cumul fait que nous respectons les normes de santé

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