Tout d'abord, les chiffres que nous avions annoncés en janvier étaient des chiffres préliminaires. Je pense que, dans le cadre de l'étude associée à votre rapport, vous avez des chiffres plus précis, dérivant d'une analyse plus fouillée. Ceci dit, l'ordre de grandeur de 2 à 2,5 fois la consommation actuelle est le bon.
Concernant le fait d'avoir en 5G, le même degré de couverture géographique qu'en 4G, j'ai dénoté dans les discours publics une certaine ambiguïté sur ce point que nous devons lever. Pourquoi parvenons-nous à ce facteur multiplicatif ? Tout d'abord parce que, contrairement à ce que le langage courant pourrait laisser prédire, quand nous parlons d'introduire la 5G, nous n'en substituons pas immédiatement la 5G à des réseaux existants. Nous ajoutons un réseau à des réseaux existants : la 2G, la 3G et la 4G. Par conséquent, nous ne supprimons pas la consommation qui vient des réseaux existants. Nous pouvons penser que la 2G devrait disparaître un jour.
Si, en 2025, nous n'avons pas démantelé le réseau 2G, nous aurons alors probablement augmenté la consommation de l'ordre de 40 à 50 % par rapport à aujourd'hui. Si nous poursuivons ce déploiement et que nous démantelons bien la 2G en 2025 et que nous pensons qu'en 2030, nous aurons atteint une couverture du territoire équivalente en 5G à celle de la 4G, alors effectivement nous aurons un doublement de la consommation d'énergie par rapport à 2019. Et n'oublions pas que 2030, c'est sans doute la date d'apparition de la 6G, car nous en entendons de plus en plus parler, notamment en Chine.
Il faut bien garder à l'esprit que, dans cette évolution technologique, il n'y a pas de substitution rapide d'une technologie par une autre. Concernant la consommation d'électricité, nous avons consulté les scénarios élaborés par le ministère de la transition écologique ou par RTE et regardé les projections de consommations d'électricité à 2030, voire 2040. Nous nous apercevons que systématiquement, une hypothèse de réduction forte de la consommation d'électricité venant du numérique a été prise par ces scénarios. En soi, vous avez raison, cette augmentation n'a pas forcément un impact majeur en termes environnementaux. En revanche, il peut représenter un risque sachant que les scénarios de planification de la production d'énergie se font à une échéance d'au moins 10 ans. Par conséquent, toute hypothèse exagérément optimiste qui s'appliquerait au numérique fait courir un risque de non-couverture des besoins énergétiques par la production nationale et donc d'appel de la production d'électricité extraterritoriale, qui sera sans doute moins décarbonée que la production française.
Ne devons-nous pas nous pencher sur le problème du renouvellement des smartphones ? Les fabricants de smartphones se réjouissent de l'introduction de la 5G puisqu'elle va doper les ventes de smartphones qui, dans nos pays développés, ont tendance à stagner depuis quelques années. Nous observerons donc une accélération de l'obsolescence ressentie des terminaux 4G. Aujourd'hui, la majeure partie de l'empreinte carbone du numérique vient des émissions engendrées lors de la production des équipements. Pour rappel, l'immense majorité des équipements ne sont pas produits en France, mais bien dans des zones où l'énergie est peu décarbonée.