Pour répondre à la question de la consommation, je ne vais pas commenter le désaccord avec Martin Bouygues. C'est un marché concurrentiel. Je suis président de la FFT. Chaque opérateur a sa propre position.
Malgré l'augmentation du volume de données constante depuis des années, chaque nouvelle génération du réseau mobile a permis de réduire d'un facteur 10 la consommation d'énergie nécessaire. Quand nous sommes passés de la 2G à la 3G, puis de la 3G à la 4G, nous avons réduit la consommation avec différents moyens et différents efforts. Pour la 5G, nous considérons, au vu des échanges avec les industriels et des appels d'offres lancés, qu'elle sera 10 fois plus efficace énergétiquement que la 4G. Mais, comme la consommation des ménages va augmenter, évidemment, il y aura une augmentation de la consommation d'énergie.
Cette règle vaut pour le fixe également. La fibre consomme beaucoup moins d'énergie que l'ADSL. À chaque fois, nous essayons lors de l'implantation d'une nouvelle technologie d'intégrer de mieux en mieux ces sujets et de limiter nos consommations. Il faut garder en tête ce que représente l'empreinte environnementale du numérique. 44 % de l'empreinte du numérique est due à la fabrication des terminaux et aux réseaux. Pour 56 %, elle est due aux usages. Nous revenons donc sur le sujet de la sobriété numérique.
Pour rappel, 60 % du trafic Internet en France est consacré au streaming. Il est nécessaire de travailler sur ce sujet. Il faut éduquer nos usagers, et travailler avec les gros fournisseurs de contenu pour qu'ils compressent un peu plus leur volume, pour qu'ils injectent moins de qualité exceptionnelle de services. Nous obtiendrons ainsi un impact sur l'empreinte environnementale.
Sur la partie réseaux et terminaux, je vous rappelle que les opérateurs ne vendent pas beaucoup de terminaux. Ils sont achetés directement via les Apple Store, les Samsung Store et Amazon. Nous essayons de travailler sur des terminaux éco-responsables. Orange a lancé un modèle l'année dernière. Les coûts ont été très élevés et il n'a pas rencontré le succès escompté.
Nous travaillons également sur le recyclage des terminaux. C'est là que nous pouvons agir avec nos boutiques et nos agences. Nous avions mis en place une politique de subvention des terminaux il y a quelques années, pouvant être considérée comme incitante au renouvellement du téléphone. Ces politiques n'existent quasiment plus. Nous nous focalisons maintenant sur la partie réseaux. De nombreux opérateurs ont pris des engagements de réduction drastique de leur empreinte carbone. Pour Orange, cela fait partie du plan stratégique de réduire l'empreinte carbone avec des engagements très clairs. Et cela est visible dans tous les contrats que nous concluons avec nos fournisseurs. Cela devient une de nos exigences majeures et un critère pour le choix de nos équipementiers. Nous sommes conscients que nous sommes responsables sur ce sujet et nous allons agir dessus, pour réduire et éviter cette explosion des consommations.
Nous parlons beaucoup des effets négatifs du numérique. J'aimerais que nous abordions également les impacts positifs du numérique, surtout en cette période de sortie de Covid. Nous venons d'avoir une période où nous avons beaucoup télétravaillé grâce au numérique. Nous avons également observé une réduction de l'usage de l'automobile. Tout cela a été possible grâce au numérique. Nous avons mis à disposition de nos clients, des entreprises, de nos consommateurs, les données qu'ils attendaient pour télétravailler efficacement.
Je souhaite maintenant citer un autre exemple positif du numérique. Avec la 5G, nous pouvons envisager qu'à l'avenir, nous n'éclairerons pas toute la nuit toutes les vitrines de toutes les boutiques parisiennes. Elles pourraient ne s'éclairer qu'à l'approche d'un passant muni d'un terminal. Nous pourrions aussi arrêter d'éclairer les rues de 19 heures à 8 heures du matin, avec des terminaux capables d'activer l'éclairage public de façon plus intelligente. Il en va de même avec l'éclairage des routes et un système qui pourrait être mis en place avec les voitures connectées. C'est ce genre d'usages qu'il faut regarder et sur lequel il faut travailler. Il ne faut pas se focaliser sur le négatif.
Par conséquent, nous proposons un effort massif du secteur pour réduire l'empreinte et des travaux pour que la 5G soit au service de l'amélioration de l'environnement.