Intervention de Stephen Kerckhove

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 1er juillet 2020 à 10h35
Table ronde relative aux impacts sanitaires et environnementaux de la 5g

Stephen Kerckhove, président de l'association « Agir pour l'environnement » :

Nous participons à beaucoup de comités de dialogue et essayons de ne fermer aucune porte, notamment avec cette mission estivale. Cependant, nous n'apprécions pas que les conclusions soient écrites à l'avance. À l'instant où on annonce que de toute façon, quel que soit le résultat de cette mission, l'attribution des fréquences sera effectuée entre le 20 et le 30 septembre, je ne vois pas bien quel est le sens de tout ce travail.

Il faudrait objectiver la controverse, écouter les scientifiques, mener à bien un travail d'investigation et d'enquête et ne pas préjuger des conclusions.

Éric Hardouin, directeur des domaines de recherche connectivité chez Orange conçoit pourtant qu'une antenne 5G consomme en moyenne 3 fois plus qu'une antenne 4G.

Le premier semestre 2020 a été le semestre le plus chaud enregistré en France depuis le début des mesures. Nous ne sommes pas en train de voir si nous allons multiplier par 1, 2 ou 3 les émissions des gaz à effet de serre du secteur numérique et notamment de la 5G. Ce chiffre doit être divisé par 4.

Je dresse un parallèle : le numérique émet plus que le secteur de l'aérien. Si nous améliorons les carburants, nous émettrons un peu moins de gaz à effet de serre. Mais si à côté de cela, vous multipliez le nombre d'avions, de voyages et de distances, il y aura un effet rebond.

La 5G, ce n'est pas la médecine à distance, c'est le streaming, la voiture autonome et l'Internet des objets. Le PDG d'Intel rappelle que 1 million de véhicules autonomes exigeraient autant d'échanges de données que 3 milliards de personnes connectées. Cela signifie que nous sommes à la veille d'une explosion des transmissions de données, et donc d'une consommation accrue d'électricité et d'un bilan carbone dégradé. Je ne parle même pas des terminaux, car nous savons bien que sur 40 ou 50 millions de terminaux qui devront être remplacés, ceux qui seront recyclés représentent des quantités anecdotiques. Nous constatons, depuis 20 ans, qu'environ 10 % des portables sont recyclés et que cette proportion n'évolue pas.

Des organismes officiels, l'Ademe, ou le Haut Conseil pour le climat, se sont interrogés sur le bilan carbone de la 5G. Ce sont des organismes publics mis en place pour trouver des solutions. Ce sont bien eux qui s'inquiètent de l'arrivée de la 5G et pas « Agir pour l'Environnement ». Que faisons-nous pour que le numérique ne multiplie pas par 3, mais divise par 4 ses émissions de gaz à effet de serre ? Je ne vois pas la mesure, si ce n'est culpabiliser le client en disant que c'est sa faute s'il utilise la 5G.

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