Intervention de Jean-Yves Le Drian

Réunion du 15 juillet 2020 à 15h00
Politique générale — Lecture d'une déclaration du gouvernement

Jean-Yves Le Drian :

« Je veux également souligner l’œuvre de transformation engagée dans des secteurs aussi importants que l’éducation, le travail, les mobilités, le logement ou encore la santé. L’histoire retiendra aussi le courage et le sang-froid avec lesquels Édouard Philippe a affronté la crise ; j’en ai été le témoin direct au cours des derniers mois.

« À la crise sanitaire, qui n’est pas finie, succède dès maintenant une crise économique et sociale d’une ampleur probablement inégalée depuis la dernière guerre mondiale. Nous en connaissons les risques, et certains de nos compatriotes en subissent déjà les conséquences. Les pertes d’emploi, les plans sociaux, les faillites d’entreprises sont malheureusement des réalités que nous constatons déjà et qu’il va nous falloir combattre ensemble.

« Les crises ont ceci de singulier qu’elles jouent le rôle de révélateur. Celle que nous avons traversée a montré à quel point les Françaises et les Français ont des ressources. Ce que nous avons vu, ce sont des femmes et des hommes engagés, solidaires, inventifs et responsables. Mais, quand la tempête souffle, éclatent, aux yeux de tous, les fragilités qu’on préférait ignorer.

« La crise a mis en lumière, de manière très crue, nos difficultés et parfois nos défaillances, y compris au sein de l’appareil d’État.

« La crise a aussi souligné les faiblesses de notre économie, avec un appareil productif incapable de pourvoir à nos besoins en biens et ressources stratégiques. Nous avons atteint un niveau de dépendance qui n’est pas raisonnable, qui n’est pas acceptable.

« La crise a accentué la vulnérabilité des personnes éloignées du cœur de notre modèle économique et de protection sociale : les travailleurs précaires, les travailleurs handicapés, les contrats courts, les jeunes, les indépendants. Mais ce n’est pas tout.

« La crise est venue frapper une France en plein doute, une France qui se divise, une France qui se crispe et parfois se désespère, et cela depuis bien trop longtemps. Une France, ou à tout le moins une partie d’elle, qui se trouve gagnée par la peur du déclassement. Une France qui se sent parfois abandonnée.

« Oui, vous le savez, mesdames, messieurs, il y a beaucoup de France qui se sentent loin et laissées pour compte, France des banlieues, France rurale, France des vallées, France des outre-mer, France dite « périphérique », France de ceux, y compris au cœur de nos villes, qui n’ont pas droit à la parole. Ces France-là sont notre pays, autant que la France de la réussite, économique, scientifique, industrielle, ou culturelle dont nous sommes légitimement fiers.

« Notre première ambition, immense, sera de réconcilier ces France si différentes, de les souder ou de les ressouder, de faire que, de part et d’autre, on s’écoute, on se reconnaisse, on se comprenne, on contribue à restaurer la valeur cardinale qui soude les sociétés : la confiance – la confiance du peuple en ses élites, la confiance entre l’État et les corps intermédiaires qui structurent la société, la confiance en l’avenir.

« La France, c’est la République. Et celle-ci aussi se trouve aujourd’hui ébranlée dans ses fondements par la coalition de ses ennemis : terroristes, extrémistes, complotistes, séparatistes, communautaristes, dont les armes habituelles de la violence – dans la rue comme dans l’espace privé – et de la lâcheté – souvent garantie par l’anonymat permettant un recours dévoyé aux réseaux sociaux – ont pris ces dernières années une intensité inquiétante. Vous le savez, car vous en êtes régulièrement les victimes.

« Je suis, comme simple citoyen, comme maire de terrain depuis douze ans, engagé au service des autres. Je sais, pour la côtoyer tous les jours, qu’il existe une France qui ne dit rien, mais qui n’en pense pas moins et qui n’accepte pas cela. Une France du bon sens et de la raison, …

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