Intervention de Victoire Jasmin

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 18 juin 2020 : 1ère réunion
Étude sur l'urgence économique outre-mer à la suite de la crise du covid-19 — Table ronde sur les données statistiques et perspectives économiques

Photo de Victoire JasminVictoire Jasmin :

Il est important pour les élus de disposer de données statistiques pour mieux évaluer et adapter - en fonction des moyens - les politiques publiques et impulser une nouvelle dynamique. Cela est vrai pour les données démographiques comme celles sur l'agriculture. Pendant la période de confinement, nous avons vu que nos agriculteurs ont pu - tant bien que mal - mettre leur production à disposition. Le transport aérien était interrompu et nous avons privilégié les circuits courts. L'interprofession guadeloupéenne de la viande et de l'élevage (IGUAVIE) a innové et tous les commerces ouverts ont pu distribuer des produits du territoire. Les commerces de première nécessité ont parfaitement rempli leur rôle. Les données que vous nous avez communiquées montrent que les gens ont même pu constituer une certaine épargne en consommant différemment.

Nous devrions prochainement procéder à une nouvelle étape de la décentralisation. Si la République est « une et indivisible », il faut cependant prendre en considération chacun des territoires qui la constituent. Les intervenants ont évoqué leurs points forts et leurs points faibles. Il faut définir une autre approche, basée sur la différenciation.

Trop de nos jeunes partent vers l'Hexagone suivre certaines formations. Nous disposons d'un lycée agricole et notre agriculture devrait être davantage valorisée. Les produits de nos territoires qui doivent respecter des normes européennes contraignantes sont concurrencés par des produits étrangers qui ne les respectent pas et, de plus, leur consommation entraîne des conséquences négatives pour la santé.

Je voudrais enfin évoquer la filière de la canne à sucre. Les planteurs ont subi les restrictions de circulation dues au confinement. À l'issue de celui-ci, ils ont été bloqués par des usines en panne, notamment à Marie-Galante. La situation a été rétablie mais, pour tenir compte de ces difficultés, des annonces avaient été faites pour indiquer que les usines cannières pourraient fonctionner jusqu'à la fin du mois de juillet. Il semblerait que le délai supplémentaire soit finalement réduit à la fin du mois de juin, dans quelques jours, alors que les cannes sont encore debout. Ceci serait très préjudiciable pour les planteurs, et plus particulièrement pour les plus petits d'entre eux qui ne pourront pas survivre. C'est une façon de nous maintenir à genoux. Nous ne pouvons pas continuer à accepter d'en être réduits à tendre la main du fait de personnes qui ne connaissent pas nos différents territoires et ne comprennent pas que la situation actuelle ne peut plus durer. Les planteurs de canne font beaucoup de sacrifices et si on réduit la coupe et la durée d'ouverture des usines leur situation sera catastrophique. Monsieur le président, j'aimerais que toutes les personnes qui nous écoutent et sont en capacité de faire quelque chose agissent pour que les usines ne ferment pas à la fin du mois de juin.

Je félicite tous les intervenants car les données qu'ils nous ont communiquées nous permettent de mieux prendre en compte nos spécificités, d'être en mesure de valoriser chacun de nos atouts pour que nous puissions exceller.

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