Intervention de Marie-Anne Poussin-Delmas

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 18 juin 2020 : 1ère réunion
Étude sur l'urgence économique outre-mer à la suite de la crise du covid-19 — Table ronde sur les données statistiques et perspectives économiques

Marie-Anne Poussin-Delmas, président de l'Institut d'émission des départements d'outre-mer (IEDOM) et directeur général de l'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM) :

Il a été beaucoup question dans cette table ronde du rôle des territoires dans cette crise du Covid-19 et des scénarios possibles de sortie de crise. On a aussi évoqué le modèle économique d'avenir pour les outre-mer, certainement le sujet le plus complexe.

Je valide ce qu'a dit Olivier Léna : il ne faut pas perdre de vue les lignes de force de long terme. La mise à niveau des infrastructures dans les domaines du transport, des équipements portuaires et surtout du numérique - on le voit avec les dispositifs du télétravail - est indispensable afin de maintenir des activités partout où cela est possible.

Le second axe à souligner est celui de la formation et du capital humain. Nous avons des populations vieillissantes - je pense en particulier à la Martinique, à la Guadeloupe - avec un marché intérieur qui se rétracte. La Martinique perd 4 000 consommateurs par an et ces territoires perdent, du coup, en attractivité pour les jeunes. Tout ceci va pénaliser les entreprises en termes de recrutement. Je veux soulever comme point de vigilance l'importance de la politique d'attractivité des territoires. Elle existe mais il faut l'amplifier et l'inscrire dans une vision intégrée avec des actions dirigées pour la formation, la recherche, l'innovation, le développement des start-up dont on n'a pas parlé mais qu'il faut mettre en lumière. Les outre-mer ont un certain nombre de start-up innovantes, même très innovantes, qui commencent à avoir une certaine légitimité au plan national, voire international. Il faut les soutenir et éviter qu'elles ne passent sous des pavillons autres que nationaux à la faveur des difficultés du Covid-19. Les plus avancées ont accès à des business angels et à des fonds d'investissement étrangers. Un certain nombre de start-up innovantes sont encore aux mains des régions qui les aident via des subventions. Je voudrais passer un message pour que nos start-up prometteuses, qui sont en voie de développement, puissent continuer à bénéficier de ces soutiens, ce qui sera compliqué puisque les financements publics seront sollicités pour bien d'autres sujets.

Il faut agir pour formation, l'apprentissage, le développement d'incubateurs ; c'est toute cette chaîne qui permet à la recherche et à l'innovation de se projeter dans un cycle de production. Les formations doivent être pensées pour pouvoir offrir des débouchés sur place, en outre-mer. C'est une approche intégrée qui doit prévaloir. L'apprentissage en outre-mer est par ailleurs relativement peu développé. A l'heure où les formations métropolitaines intègrent des cursus en Chine ou dans des destinations étrangères, il y a probablement une carte à jouer pour proposer aux jeunes des stages pratiques en outre-mer.

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