Intervention de Nicolas Vion

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 25 juin 2020 : 1ère réunion
Étude sur l'urgence économique outre-mer à la suite de la crise du covid-19 — Table ronde sur le tourisme

Nicolas Vion, président du groupement hôtelier et touristique de la Guadeloupe :

La Guadeloupe compte environ 800 000 touristes, pour un chiffre d'affaires de 800 millions d'euros. Depuis le 15 mars, celui-ci est quasi nul. Les établissements touristiques ont été fermés unilatéralement et nous n'avons plus de clients. Auparavant, la Guadeloupe disposait de cinq compagnies aériennes. XL Airways a déposé le bilan juste avant le 15 mars. Level est en arrêt de fonctionnement. Corsair est réputée se porter très mal. Notre activité aérienne se trouverait réduite de 40 % en cas de reprise, mais si Corsair ne poursuivait pas son activité, notre capacité aérienne serait amputée de 60 %. Une réduction du trafic aérien s'accompagne de surcroît d'une hausse tarifaire inéluctable qui conduira à la désolvabilisation d'un certain nombre de clients. La clientèle, demain, sera donc au maximum de 30 à 50 % de ce qu'elle était auparavant, dans le cadre d'une compétition internationale marquée par des prix cassés.

Je vous remercie de votre initiative de ce jour car vous tenez nos destins entre vos mains. Il est en effet nécessaire d'adopter des mesures adéquates, qui doivent passer par la loi de finances.

S'agissant de la situation économique de l'hôtellerie, celle-ci est constituée de 40 à 50 % de masse salariale, 20 % de charges fixes puis de charges variables, d'entretien et d'une marge. En l'absence de recettes, nous attendons une absence de charges. La loi de finances rectificative de ce début d'année a déjà permis la suppression des taxes de séjour au forfait, qui auraient une conséquence catastrophique aujourd'hui. Les taxes de séjour sont par ailleurs appliquées inégalitairement, essentiellement aux hôteliers. Dans cette période difficile, elles devraient être annulées. En temps normal, elles devraient aussi être modifiées. En effet, il n'est pas logique que seuls les clients de l'hôtellerie la paient. Nous attendons donc beaucoup de la loi de finances rectificative. Les pertes d'exploitation peuvent être compensées. En 2005-2006, pendant la crise du chikungunya, le Gouvernement a pris l'initiative de le faire. S'agissant des loyers, les propriétaires bailleurs sont à distinguer des propriétaires exploitants. Ces derniers ne percevront pas de loyer. Il s'agira donc de passer soit par le biais d'une indemnisation des loyers, soit par celui d'une indemnisation de la perte d'exploitation.

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