Intervention de Philippe Juvin

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 25 juin 2020 à 9h30
Audition du professeur philippe juvin chef du service des urgences de l'hôpital européen georges-pompidou

Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'Hôpital européen Georges-Pompidou :

En réponse à la question de Christine Lavarde, je confirme qu'il est effectivement très difficile de transporter des patients en réanimation, notamment en cas de syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Mais lorsque nous n'avons pas le choix, nous prenons évidemment le risque. C'est un peu l'équivalent de ce que nous faisions en Afghanistan il y 10 ans en chirurgie de guerre, on appelle cela le damage control : on prodigue sur place les soins minimum pour assurer la survie du patient (stopper l'hémorragie, etc.) puis on le renvoie en France pour réaliser les opérations compliquées. En cas d'attentat terroriste à Paris, il faudrait faire la même chose : traiter les urgences sur place, puis envoyer les patients dans les pays où il y a des capacités.

Les trains sanitaires et les lits inoccupés sur place ne sont toutefois pas incompatibles : il faudrait idéalement avoir les deux. Tout coûte cher, certes, mais au regard de 250 milliards d'euros de budget de l'Union européenne, affréter cinq trains mis sous clé ne semble pas insurmontable.

En réponse à la question de Roger Karoutchi sur les blocs de coopération, je me souviens d'une discussion au Parlement européen où des députés allemands refusaient déjà de payer pour les incendies en Grèce... Je pense qu'il faut être pragmatique : si les choses sont trop lentes au niveau de l'Union européenne, avançons avec les pays volontaires sous la forme d'une coopération intergouvernementale.

Cette fois-ci, par exemple, les choses se sont bien passées avec la Pologne : nous y avons envoyé quelques dizaines de patients, l'ambassade de France se débrouillant alors pour trouver un hébergement pour les proches.

Mais d'une manière générale, ces choses ne s'improvisent pas et ne peuvent pas se faire en catastrophe. Et toute la responsabilité ne revient pas à l'Union européenne : parfois, ce sont les États membres qui ne savent pas la gravité de la situation, ou ne veulent pas le dire. Je me souviens d'un compte rendu d'une réunion du 31 janvier dernier entre les représentants des Vingt-Sept : seuls quatre États membres ont fait part d'une difficulté, tous les autres assurant qu'il n'y avait aucun problème chez eux.

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