Intervention de Philippe Juvin

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 25 juin 2020 à 9h30
Audition du professeur philippe juvin chef du service des urgences de l'hôpital européen georges-pompidou

Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'Hôpital européen Georges-Pompidou :

Il me semble que l'autorité politique a eu raison de se doter d'un conseil scientifique. Il ne faut pas pour autant attendre de la science qu'elle soit l'omniscience. Par ailleurs, les autorités politiques peuvent être amenées à prendre des décisions qui ne sont pas dictées par le seul intérêt médical mais aussi, et heureusement, pour des raisons économiques, etc.

Le professeur Jean-François Delfraissy et ses collègues sont des gens de qualité, et ils ont fait de leur mieux compte tenu de l'état des connaissances. Certes, on a assisté au show médiatique de quelques-uns, mais comme dans tous les milieux, il y a des inimitiés, des règlements de compte, etc.

S'agissant de la pénurie de médicaments, on peut aussi citer l'exemple des curares, utilisés pour paralyser les gens (et donc indispensables en réanimation, lorsque les muscles des poumons sont tellement tendus qu'ils empêchent toute ventilation artificielle). Très anciens, les curares sont utilisés depuis des décennies et ne coûtent presque rien ; on n'en fabrique plus en France.

L'État pourrait tout à fait subventionner quelques usines pour maintenir en l'état une ligne de production, de sorte qu'en cas de problème, il soit immédiatement possible d'en fabriquer en grandes quantités. C'est aussi un enjeu européen - nous devons viser l'autosuffisance sanitaire, comme nous avons atteint l'autosuffisance alimentaire.

Mais il ne suffit pas de dire « on va réindustrialiser » pour que les choses se fassent d'elles-mêmes. Cela demande la mise en place d'un écosystème favorable, et c'est un chantier de long terme.

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