Intervention de Sophie Primas

Réunion du 18 juillet 2020 à 14h30
Loi de finances rectificative pour 2020 — Article 9

Photo de Sophie PrimasSophie Primas :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous nous apprêtons à examiner les missions budgétaires, qui regroupent notamment les crédits que le Gouvernement souhaite mobiliser en soutien à l’industrie automobile.

Nous partageons tous dans cette enceinte, je pense, la nécessité de soutenir les constructeurs automobiles, ainsi que les centaines d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) et de petites et moyennes industries (PMI) de la filière. Le secteur automobile fait vivre nos territoires. Une grande partie de l’emploi industriel français en dépend.

Le plan de soutien doit permettre aux entreprises de passer le cap de cette double crise d’offre et de demande, pour qu’elles puissent continuer à se concentrer sur les défis du futur : mobilités alternatives, véhicules autonomes, nouvelles énergies et, si j’ai bien compris ce qui a été dit ce matin, véhicules beaucoup moins lourds.

C’est parce que ces défis sont immenses et incontournables que les aides que nous autorisons doivent avoir un caractère fortement incitatif.

Ne versons pas de l’eau dans le sable et gardons à l’esprit un mot d’ordre : l’efficacité de l’action publique et des dépenses publiques.

Monsieur le ministre, quelles contreparties avez-vous obtenues de la filière automobile avant de lancer ce plan de soutien de grande ampleur ? Nos dépenses publiques serviront-elles bien au maintien sur notre territoire de la production et des emplois ? Les entreprises relocaliseront-elles ce qui peut et surtout ce qui doit l’être ? Comment assurer que le renforcement du capital et les prêts de trésorerie auront pour finalité l’investissement dans l’avenir, et non la rémunération des actionnaires – y compris l’État –, parfois gourmands, ou le transfert vers des sites étrangers ?

La recherche et développement et l’innovation s’orienteront-elles vers la réduction des émissions de gaz à effet de serre et les énergies plus propres, sans se limiter à l’électrique ? Quel bénéfice notre industrie française tirera-t-elle des millions engagés dans l’Alliance européenne pour les batteries ?

Je m’inquiète un peu du manque de transparence sur ces sujets. Le « quoi qu’il en coûte » ne peut s’entendre que s’il sert nos intérêts collectifs et comporte les garanties appropriées.

Les engagements pris, par exemple, par Renault seront-ils rendus publics ? Comment surveillerez-vous leur respect dans le temps ?

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