Intervention de Olivier Cadic

Réunion du 18 juillet 2020 à 14h30
Loi de finances rectificative pour 2020 — Article 9

Photo de Olivier CadicOlivier Cadic :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous en arrivons à l’article 9 et à l’examen des ouvertures de crédits dans le budget général de l’État.

Avant que nous examinions les quelque 170 amendements déposés sur cet article, je veux m’arrêter un instant sur l’hétérogénéité de ce troisième PLFR. S’y mêlent saupoudrage budgétaire et planification catégorielle, au bénéfice de quelques secteurs et à l’exclusion de tous les autres. Nous y reviendrons lorsque nous étudierons l’article 18.

Là où les deux premiers PLFR limitaient les ouvertures de crédits à quelques politiques publiques essentielles, ce troisième budget rectificatif ouvre des crédits dans pas moins de dix-sept missions du budget de l’État. On fait comme si la nécessité de la dépense publique était établie, sans tenir compte des capacités du pays à la financer.

Je m’inquiète du déficit colossal que nous atteignons – près de 225 milliards d’euros – et du fardeau que nous allons transmettre aux générations futures, ce d’autant plus que, sur les 40 milliards d’euros des plans sectoriels annoncés dans le PLFR 3, plus de 36 milliards d’euros sont reportés sur les années 2021 et suivantes. L’incidence de ces plans sur nos comptes publics sera donc massive dans les années à venir. L’emballement des dépenses publiques ne fait que commencer.

La multiplication des plans sectoriels me paraît dangereuse. Elle est nécessairement arbitraire : la situation des entreprises est en réalité très disparate au sein d’un même secteur. Surtout, elle nourrit l’illusion de l’argent gratuit et encourage chaque secteur à se manifester à son tour pour réclamer tous azimuts sa part du butin, son propre plan Marshall. Cette approche ne peut que susciter la désillusion de ceux dont les revendications ne pourront être satisfaites.

Monsieur le ministre, les milliards que vous déverserez seront toujours bus par les besoins, comme l’eau par le sable. Lors de son discours de politique générale, Jean Castex nous l’a dit : « Pris par le haut, tous les sujets deviennent des objets de posture ou de division. Sur le papier, on n’en fait jamais assez ! »

Nous ne pourrons pas faire l’économie d’une réflexion sur le périmètre du champ d’intervention de l’État. De grâce, définissez vos priorités !

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