Je suis entièrement d'accord avec vous sur plusieurs points, dont l'échec européen face à cette crise de la Covid-19. L'essai Discovery en est la preuve. Il aurait pourtant pu être l'un des plus beaux projets européens d'essais cliniques. Le président de l'Inserm m'a indiqué que les 800 lits avaient été atteints en France, mais seuls les Pays-Bas et le Portugal ont suivi. En effet, il s'avère que l'OMS a lancé dans le même temps son projet Solidarity, qui a concurrencé Discovery. D'après les derniers éléments transmis par le président de l'Inserm, avec lequel je me suis entretenue récemment, les deux projets vont finalement mettre en commun leurs informations et leurs recherches, mais beaucoup de temps et de moyens ont déjà été perdus, alors qu'il aurait été possible d'avoir une démarche symboliquement importante par rapport aux autres continents, en matière de recherche contre la Covid-19.
Je suis rapporteure pour avis du budget de la recherche pour la commission Culture et éducation au Sénat. Pendant les trois premières années budgétaires, je ne comprenais pas pourquoi l'Inserm, en particulier, n'avait pas un fléchage de moyens budgétaires alloués à la santé. Lorsque le président de la commission des Affaires sociales du Sénat, Alain Milon, et moi avons souhaité nous entretenir à ce sujet avec le conseiller santé de Matignon, nous avons été reçus très froidement et sèchement. Il nous a été répondu qu'un tel fléchage n'était pas possible, car il existait une niche budgétaire allouée à la recherche biomédicale, qui servait très souvent de variable d'ajustement, pour combler les dysfonctionnements de l'AP-HP. Je partage tout à fait la position de mon collègue Jean-François Eliaou : le Ségur de la santé et le PLF 2021 sont des occasions à ne pas manquer pour essayer de corriger ce déséquilibre, et de combler notre retard abyssal vis-à-vis des pays voisins. Cette crise aura au moins eu le mérite de révéler ce problème.