Intervention de Florence Lassarade

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 4 juin 2020 à 9h40
Présentation de la note sur l'impact de l'épidémie de covid-19 sur les enfants

Photo de Florence LassaradeFlorence Lassarade, sénatrice :

Quand la crise a débuté en France, nous disposions de l'expérience de la Chine qui semblait montrer que l'enfant était peu contaminant. Mais, comme nous doutions de la véracité des informations, la décision de fermeture des écoles est survenue précocement, sur le conseil des infectiologues, puisque, par essence, les enfants sont très contagieux.

Trois mois plus tard, nous constatons que l'enfant n'a pas manifesté de symptômes importants et a été peu atteint. En pratique, l'enfant se contamine dans la famille, au contact d'un de ses deux parents contaminés : près de 67 % des enfants contaminés l'ont été par un des deux parents, et non l'inverse. Les formes pédiatriques observées sont extrêmement modérées, avec peu de symptômes respiratoires, quelques diarrhées et quelques éruptions atypiques, comme chez l'adulte.

Le fantasme initial d'un enfant très infecté et très infectant est tombé au fil de l'épidémie. La difficulté pour les enfants consiste à différencier ce qui est Covid-19 et ce qui ne l'est pas puisque les enfants sont extrêmement sensibles aux infections et que les rhumes étaient encore nombreux en mars, ainsi que les bronchiolites. Les écoles et les crèches ont été fermées et un effondrement des infections chez l'enfant a été constaté puisque 90 % des infections courantes ont disparu chez l'enfant. Certains se sont toutefois montrés infectés a posteriori, de manière décalée, avec un syndrome proche du syndrome de Kawasaki, ce qui a affolé les familles au moment de remettre les enfants à l'école. Le syndrome de Kawasaki est bien connu des pédiatres : il s'agit d'une infection post-virale qui survient en général trois semaines après un virus et touche plutôt le nourrisson. Il se manifeste par des syndromes cutanés, avec des enfants très rouges et très érythrosiques, avec une bouche rouge, des lèvres fendillées et des symptômes type angine, avec une forte fièvre. Le risque principal, dans le syndrome de Kawasaki classique, concerne des anévrismes des coronaires qui aboutissent à un infarctus. Les pédiatres connaissent bien le syndrome, mais pas forcément les médecins généralistes.

Le PIMS (paediatric inflammatory multisystem syndrome) est un syndrome inflammatoire qui survient également de manière décalée, un mois après l'infection, qui met l'enfant en danger, surtout en l'absence de diagnostic. L'alerte a été donnée, principalement dans les hôpitaux parisiens qui concentrent les enfants d'Île-de-France. Un certain nombre de cas de ce type a été enregistré, assez stéréotypés, plutôt avec un syndrome inflammatoire avec des arthralgies, diarrhées et des syndromes cardiaques, type myocardites. Des jeunes de 15-16 ans ont pu être atteints par ces myocardites, mais les symptômes étaient assez différents de l'orage cytokinique de l'adulte.

Rétrospectivement, ces syndromes de type PIMS se sont révélés graves, mais finalement exceptionnels. Comme peu d'enfants sont atteints par la Covid, les mesures sont maintenant disproportionnées et inquiétantes pour les familles : de ce fait, seuls 20 % des enfants sont retournés en classe quand cela était possible. Des mesures très strictes ont été définies par les communes, difficiles à mettre en place. Compte tenu du faible nombre d'enfants en classe, ces mesures ont toutefois été compatibles avec une scolarisation.

La question qui peut se poser consiste à savoir si nous aurions vraiment dû fermer les classes au regard de l'expérience en Chine. En Suède, les écoles sont restées ouvertes : les enfants ont été davantage contaminés, mais n'ont pas eu de symptômes graves.

Nous avons été très surpris de la faible contagiosité des enfants dans cette épidémie. Le risque de se contaminer en milieu scolaire est extrêmement faible, alors que le risque de se contaminer auprès d'un parent est de 67 %. Les enfants ont été isolés de leurs grands-parents et il convient peut-être maintenant d'assouplir le dispositif.

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