Intervention de Olivier Véran

Réunion du 22 juillet 2020 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Usage des cartouches de protoxyde d'azote

Olivier Véran :

Monsieur le sénateur, cher Jean-Pierre Grand, votre question est importante, et j’ai eu l’occasion de répondre, il y a quelques semaines à l’Assemblée nationale, à une question similaire.

Je sais le travail qui a été fait par le Sénat, notamment par votre collègue Valérie Létard, qui a déposé une proposition de loi, adoptée ici même à l’unanimité. Je crois que ce texte s’est perdu dans la navette parlementaire, mais qu’il doit prochainement être examiné par l’Assemblée nationale.

Je vous le dis sans ambages : j’aurai à cœur d’accompagner cette proposition de loi, voire de la renforcer et de l’améliorer en tant que de besoin.

Votre question soulève un vrai problème de santé publique. Vous le savez toutes et tous dans cet hémicycle, parce que vous êtes un certain nombre à être interrogés par les maires, qui font face aux dépôts sauvages de cartouches de ce gaz qui n’a d’hilarant que le nom. Beaucoup se demandent comment faire.

Tout d’abord, comme pour toute addiction, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) mène des campagnes. Citons, par ailleurs, les accompagnements en addictologie. Le nombre de cas de suivi est de quelques dizaines.

En revanche, ce gaz, dont la consommation est extrêmement brève et qui procure une euphorie – et parfois des hallucinations – qui régresse sans laisser de séquelle, présente une dangerosité en réalité ignorée par les jeunes, lesquels sont trop nombreux à le consommer.

Son premier danger, c’est d’être un gaz qui est stocké dans des capsules extrêmement réfrigérées. Si l’on parvient à expliquer ce risque aux jeunes, je crois qu’ils seront moins nombreux à considérer que sa consommation est sans gravité.

Les cas d’accidents les plus graves sont des brûlures de l’ensemble des voies respiratoires et des bronches, qui peuvent provoquer la mort. L’utilisation de ces capsules, lorsqu’elle n’est pas maîtrisée, peut conduire au décès. Et rien ne le laisse présager quand on extrait une telle capsule d’un distributeur de crème Chantilly.

Ce sont des drames terribles qui se jouent : on parle de jeunes de 18, 19, 20 ans, qui peuvent conserver des séquelles neurologiques irréversibles – c’est le neurologue qui vous parle –, alors que ni eux ni leurs proches ne s’y attendaient, ignorant tout de la dangerosité de ces capsules.

Sous couvert de la consommation d’un produit contenu dans des capsules qu’on peut acheter par paquets de cent sur internet, qui ne coûte pas bien cher et dont les effets font marrer les copains, on met en réalité gravement sa vie en jeu.

L’action des maires peut-être déterminante via des interdictions localisées de consommation, notamment sur la voie publique, et également dans le repérage des capsules, qui doit donner lieu à un renforcement des campagnes de prévention, en lien avec les agences régionales de santé.

En attendant, j’espère que cette belle proposition de loi que vous avez déjà adoptée, mesdames, messieurs les sénateurs, verra sa concrétisation d’ici à la fin de la mandature.

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