Madame la présidente, mesdames les ministres, mes chers collègues, en 2013, une fuite de mercaptan s’est produite à l’usine Lubrizol. On constate alors une défaillance dans la communication, en direction des populations et des élus.
En 2019, les riverains de l’usine Lubrizol, à Petit-Quevilly, sont réveillés, le 26 septembre vers trois heures du matin, par des explosions, bien avant les premières alertes officielles, et sortent dans la rue, inquiets, s’exposant directement aux fumées et aux produits toxiques.
Enfin informée, Mme la maire de Petit-Quevilly déclenche le système d’alerte à six heures onze. Mais les populations et les élus des autres communes affectées, de la rive gauche comme de la rive droite, devront encore attendre. Ce n’est qu’à sept heures quarante-cinq que la préfecture déclenchera les sirènes d’alerte pour les informer. De nombreux élus vont protester contre ce traitement inadapté de l’information par les services de l’État.
Le rapport de la commission d’enquête pointe du doigt une réelle défaillance de communication de la part de ces derniers dans la gestion de cette crise. À vouloir éviter la panique, ils ont créé un vide propice à l’inquiétude et à l’angoisse.
De plus, la sous-exploitation des réseaux sociaux par ces mêmes services n’a pas permis de diffuser des explications sur le déroulement des événements ni d’informer les populations sur les conduites à tenir. Contrairement à d’autres préfectures, celle de Seine-Maritime n’a pas signé de convention qui lui aurait permis d’analyser la crise médiatique et de détecter, en amont, les activités sur les réseaux sociaux, pour mieux les maîtriser.
Or, au cours d’une visite par la commission dans la vallée de la chimie, à Lyon, nous avons constaté qu’il est possible aux grands acteurs, publics et privés, de travailler en concertation sur les stratégies de communication de crise. Ne faudrait-il pas faire de cette initiative une règle sur notre territoire ?
Chez nous, le 26 septembre, il fut bien difficile de faire la part des choses entre mesures de mise à l’abri, de confinement, voire absence totale de consignes.
Madame la ministre, vous avez mentionné le système d’alerte du Cell Broadcast et vous avez annoncé qu’il serait mis en place en 2021. Pourquoi ne pas déployer dès maintenant de tels moyens ? Faudra-t-il qu’un autre accident grave survienne pour que notre pays se décide enfin à tirer rapidement les leçons de la gestion pour le moins insatisfaisante de cette crise, afin de protéger nos concitoyens ?