Cette réorientation de leur programmation, a conforté de façon très sensible leur audience. Les résultats enregistrés en mars montrent que les populations en quête de fiabilité et d'objectivité se tournent spontanément vers ces médias, attestant la solidité de leur réputation et le grand intérêt pour la France de financer ces opérateurs qui contribuent à son influence et à celles de ses valeurs démocratiques.
Le nombre de visites (110 millions) des environnements numériques de FMM a été multiplié par 2,5 par rapport à la moyenne mensuelle 2019) et celui des vidéos vues et démarrages audio (283 millions) par 2,2. A noter les très fortes performances de RFI en chinois (x 3,5) et en brésilien (x 2,9).
De même, le site information.tv5monde.com a enregistré près de 3,2 millions de visites (hausse de 229% sur un an). L'offre Langue française, avec plus de 2,4 millions de visites en mars, atteint des niveaux historiques. Le site dédié à la jeunesse a multiplié par 5 son nombre de visites. L'offre Culture a doublé son audience et la bibliothèque numérique progresse de 340%. Le site afrique.tv5monde.com progresse de 89 % avec près de 1,7 million de visites. Sur l'ensemble des supports numériques, le nombre de vidéos vues atteint 53,8 millions, en hausse de 31 % sur un an. La consommation progresse partout dans le monde, avec des pointes significatives dans les pays les plus durement touchés (+98 % en Espagne, +217 % en Italie) La progression est aussi marquée dans les pays d'Amérique du Sud.
La forte augmentation observée en mars s'est confirmée en avril.
Néanmoins, la crise économique qui accompagne la crise sanitaire aura des répercussions croissantes sur leur financement. Les opérateurs font face à un effondrement des ressources publicitaires et des recettes de distribution qui risque d'être durable avec la crise économique. La crise a réduit la consommation et asséché les achats d'espaces publicitaires. La reprise sera d'autant plus difficile pour ces opérateurs que leurs principaux annonceurs sont des secteurs affectés par la limitation durable des transports aériens (compagnies aériennes, chaînes hôtelières internationales et des offices du tourisme). S'y ajoutent l'annulation ou le report d'évènements internationaux, comme les Jeux olympiques pour lesquels TV5 Monde avait acquis les droits de diffusion en Afrique. Enfin, ce diffuseur pourrait perdre certain contrats de distribution ou subir des réfactions en raison de son incapacité à maintenir le sous-titrage en langue étrangère dans des bouquets de programmes payants pendant cette période.
Ces ressources représentent une faible part dans les comptes d'exploitation (3 % pour FMM et 9 % pour TV5 Monde), mais dans des entreprises contraintes par des dotations publiques insuffisantes, comme nous l'avions relevé dans nos précédents rapports, leur réduction aura un effet considérable.
Dans des entreprises où les coûts de personnel constituent une part importante des charges d'exploitation (31 % pour TV5 Monde et 54 % pour FMM), les économies générées pendant cette période seront marginales, d'autant que les opérateurs publics, comme l'a rappelé Joëlle Garriaud-Maylam n'ont pu bénéficier des dispositifs d'aide aux entreprises et de la possibilité de mettre une partie de leurs salariés en chômage partiel. Elles s'efforceront de réaliser leur trajectoire budgétaire mais, dans ces circonstances y parvenir constituera, un exploit.
Cette situation de fragilité est d'autant plus inquiétante dans la période troublée qui survient. Les équilibres géopolitiques vont être bouleversés et l'influence passera plus que jamais par la diffusion de la culture et des valeurs. Réduire la capacité de ces médias serait un mauvais choix, il est essentiel que la France reconnaisse leur spécificité et leur alloue avec ses partenaires francophones, les ressources nécessaires à leur développement.
Le rapport a été adopté à l'unanimité.