Intervention de Florence Parly

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 18 juin 2020 à 15:5
Bilan et perspectives de l'opération barkhane — Audition de Mme Florence Parly ministre des armées

Florence Parly, ministre :

Monsieur le sénateur Bockel, oui, les Européens sont à nos côtés et nous essayons de développer une palette large de capacités : certains contribuent à la logistique, d'autres à la sécurisation d'emprises, d'autres aux moyens aéroportés, notamment grâce aux hélicoptères, qui sont précieux et décisifs, vous le savez mieux que personne. Nous essayons de marier les compétences et les capacités de la meilleure façon. Vous aurez l'occasion de questionner les chefs d'état-major ou le commandant de la force, qui vous donneront des détails, mais beaucoup d'entre vous se sont déjà rendus sur le terrain et ont pu constater que l'alchimie fonctionnait bien.

S'agissant de la nécessité d'une formation au droit international humanitaire, les responsables politiques des pays sahéliens sont conscients de l'enjeu que représente le respect de la conformité au droit, car ils mesurent pleinement la distance qui se creuse, chaque fois que des exactions sont commises, entre les populations et les autorités. Or tout l'enjeu du sommet de Pau était de recréer de la confiance par un retour des institutions nationales. Nous ne pourrions gagner les coeurs si de telles exactions se perpétuaient, et le soutien international pourrait en être remis en cause. Il revient également à la Minusma de s'assurer de cela et à l'EUTM de dispenser des formations. C'est par cet effort, au plus près du terrain, que l'on pourra lutter contre ces dérives, ainsi que par la réalisation d'enquêtes et le renfort la chaîne pénale.

Sur l'OTAN, nous sommes d'accord. Une étape importante a été franchie, car nous nous sommes dit les choses, nous n'avons pas pratiqué la politique de l'autruche vis-à-vis de la Turquie. Lorsque l'on est alliés, on se doit la franchise.

En ce qui concerne la coordination pour le développement, le volet développement issu du sommet de Pau s'appuie sur l'Alliance pour le Sahel, laquelle dispose d'un secrétariat dont la mission principale est de coordonner tous les éléments contribuant à la paix au Sahel. Nous entendrons à Nouakchott sa restitution, nous aurons donc des éléments que nous pourrons partager avec vous.

Sur le Perle, toutes les possibilités doivent être envisagées, parmi lesquelles une action malveillante, mais aujourd'hui, je ne dispose d'aucun élément en faveur de cette théorie. On sait toutefois que le sous-marin américain qui a été évoqué avait été victime d'un tel acte. Le procureur est saisi, une enquête aura lieu, nous pourrons alors lever ou non cette hypothèse, que je n'ai aucune raison de privilégier aujourd'hui.

Lorsque l'on parle de l'Algérie, il faut toujours peser ses mots. Je crois pouvoir dire que ce pays s'est impliqué fortement dans la stabilisation de la région, notamment en jouant un rôle clé dans l'élaboration puis la signature de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, en 2015. Récemment, l'Algérie a été très absorbée par d'importantes questions de politique intérieure, elle a donc été moins présente dans ce processus, mais on ne saurait dire pour autant qu'elle ait un intérêt à voir prospérer ces groupes djihadistes. Si vous interrogez les différents services de renseignement, leurs responsables vous diront qu'ils ont des relations étroites avec leurs homologues algériens. En dire plus serait spéculation de ma part, nous avons une possibilité devant nous pour poursuivre et approfondir le dialogue avec l'Algérie sur ces questions.

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