Les très nombreux mails envoyés par des chercheurs de tous horizons, de tous âges, de tous parcours, de tous statuts et de tous territoires prouvent que cette loi de programmation embarque bien toute la recherche française - mais contre elle. Nous devrions nous appuyer sur ce constat pour combler les carences qui réussissent cet exploit.
La trajectoire de dix ans interroge tout le monde. C'est une saine proposition de la raccourcir. Une clause de revoyure régulière ne serait pas inutile pour une politique aussi mobile que celle de la recherche : tout bouge très vite dans ce domaine. Il ne serait donc pas incohérent d'imposer au moins un bilan à la mi-trajectoire.
Certes, il est indispensable de créer quinze sites bien identifiés dans les classements, qui joueraient un rôle de coordination. La condition de réussite est que cette coordination soit choisie et non subie. Ces sites doivent accumuler les compétences et l'excellence, homogénéiser les parcours.
Mais il faut aussi prendre en compte l'éparpillement, au sens positif, de la diffusion territoriale des équipes et des chercheurs, accompagnée d'une grande diversité des parcours et formations garante d'une capacité à inventer et à sortir du moule - car l'empirisme et l'intuition jouent eux aussi un rôle important dans la recherche. L'innovation est aussi présente dans les laboratoires du territoire que dans ces quinze pôles.
C'est une faille de ce texte que de ne pas prendre en compte la recherche en France hors de leurs murs, d'autant que le lien avec les collectivités territoriales n'est pas envisagé dans le texte. Le faire aurait pourtant témoigné d'une vision d'aménagement du territoire en matière de recherche.