Intervention de Laure Darcos

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 14 octobre 2020 à 9h35
Projet de loi de programmation de la recherche 2021-2030 — Examen du rapport et du texte de la commission en visioconférence

Photo de Laure DarcosLaure Darcos, rapporteur :

Sans cette souplesse, ce n'est pas possible.

L'amendement COM-4 est retiré.

L'amendement COM-23 précise que la proposition d'ouvrir des recrutements pour devenir directeur de recherche, via les chaires de professeur junior, revient à l'autorité dirigeante de l'établissement, à savoir son président ou son directeur général. Cette précision rédactionnelle responsabilise le président d'université ou le directeur d'établissement de recherche dans son choix de recourir à ce nouvel outil de recrutement. Compte tenu du caractère sensible d'une telle décision, il sera, en pratique, tenu de l'annoncer et de la justifier à son conseil d'administration. Avis favorable.

L'amendement COM-23 est adopté.

L'article 3 crée une nouvelle voie de recrutement pour les professeurs des universités et les directeurs de recherche, complémentaire aux voies de recrutement traditionnelles par concours. Ces chaires de professeur junior , inspirées des expériences étrangères dites des tenure track, leur donnent la possibilité d'être recrutés sur un contrat de six ans maximum, à l'issue duquel ils peuvent prétendre à la titularisation dans le corps des professeurs des universités ou assimilés ou de directeurs de recherche. Cette voie parallèle est destinée à répondre à des besoins de recrutement particuliers, par exemple des jeunes chercheurs tentés par un départ à l'étranger, des profils disciplinaires rares ou interdisciplinaires spécifiques.

Le texte initial du Gouvernement prévoyait que ces recrutements seraient ouverts dans la limite de 25 % des recrutements annuels autorisés dans le corps concerné. L'Assemblée nationale a réduit ce pourcentage à 20 %. En effet, cette mesure suscite beaucoup d'inquiétudes au sein de la communauté scientifique qui y voit, à terme, un risque de substitution aux modalités habituelles de recrutement.

Il est proposé de réduire à 15 % le pourcentage limite de recrutement annuel autorisé dans le corps concerné. Cette proportion semble rallier un certain consensus, en traduisant le caractère très spécifique de cette procédure, qui n'a pas vocation à devenir une règle de recrutement de droit commun. Cette proportion n'empêchera toutefois pas les établissements volontaires de se saisir de ce nouvel outil.

Le taux de 25 % des recrutements annuels maximum autorisés serait cependant conservé, uniquement pour les corps aux effectifs très réduits - comprenant moins de cinq personnes.

L'amendement COM-55 est adopté.

L'amendement COM-43 instaure une automaticité de la prolongation du contrat de prétitularisation pour devenir directeur de recherche - première phase du dispositif de la chaire de professeur junior - en cas de congé de maternité, de paternité ou d'accueil de l'enfant, de maladie ou d'accident du travail. Si l'intention est parfaitement louable, le caractère automatique d'une telle prolongation n'est pas forcément souhaitable : certaines personnes peuvent ne pas vouloir de prolongation de leur contrat. À la délégation aux droits des femmes, nous avions reçu, l'année dernière, des agricultrices qui refusaient un texte voulant leur imposer de prendre un congé maladie : certaines n'avaient pas envie ou pas besoin de s'arrêter.

En outre, la formulation du texte actuel est celle utilisée dans le droit commun des contrats de travail. Aussi, l'automaticité prévue à cet amendement créerait un régime exorbitant du droit commun. Retrait, à défaut, avis défavorable. Après en avoir échangé ensemble, Mme Billon, qui a dû s'absenter, souhaitait retirer ses amendements.

L'amendement COM-43 n'est pas adopté.

L'amendement de précision rédactionnelle COM-56 est adopté.

L'amendement COM-44 abaisse à 10 % le pourcentage limite de recrutement annuel autorisé par la voie des chaires de professeur junior, puis à 5 % l'année suivante si les recrutements effectués par cette voie ne favorisent pas une représentation plus équilibrée entre les sexes. Mon amendement ramène le pourcentage limite de recrutement annuel autorisé par la voie des chaires de professeur junior à 15 %, proportion qui traduit le caractère spécifique de cette procédure et qui n'empêche pas les établissements volontaires de se saisir de ce nouvel outil de recrutement. Ce taux fait l'objet d'un certain consensus.

Par conviction profonde, et en tant que membre de la délégation aux droits des femmes, je suis très soucieuse de l'incidence de cette nouvelle voie de recrutement sur la carrière des femmes ; j'ai d'ailleurs interrogé la ministre la semaine dernière, et tenu à auditionner le HCE.

Par rapport à la voie classique des concours pour devenir professeur des universités ou directeur de recherche, les chaires de professeur junior présentent l'avantage de comporter une étape de sélection en moins. Or, on sait combien passer un concours demande comme sacrifices, à une période de leur vie où les femmes souhaitent généralement fonder une famille. L'objectif de ces chaires est de recruter idéalement deux ou trois ans après la thèse, soit bien plus tôt que l'âge moyen de recrutement actuel - 34 ans pour un maître de conférences - ce qui est positif pour les femmes.

Ce dispositif, s'il avait existé à l'époque, aurait peut-être permis de retenir notre nouveau prix Nobel de chimie, Emmanuelle Charpentier, très vite partie faire carrière à l'étranger faute de perspective intéressante en France. Retrait, à défaut, avis défavorable.

L'amendement COM-44 n'est pas adopté.

L'amendement COM-24, identique à celui présenté pour l'accès au corps de directeur de recherche, concerne la procédure pour l'accès au corps de professeur des universités. Même avis favorable que précédemment.

L'amendement COM-24 est adopté.

L'amendement COM-25, dans le même esprit que les précédents, affirme la responsabilité du président ou du directeur d'établissement, cette fois-ci dans la mise en oeuvre de la procédure de recrutement pour l'accès au corps de professeur des universités. Cette précision n'est pas vraiment pertinente, car elle laisserait penser que c'est le président ou le directeur de l'établissement qui est en charge du recrutement. Celui-ci endosse le choix de recourir à cette procédure, mais ne mène pas la sélection, laquelle revient à une commission ad hoc. Retrait, à défaut, avis défavorable.

L'amendement COM-25 est retiré.

L'amendement COM-46 instaure une automaticité de la prolongation du contrat de prétitularisation pour devenir professeur des universités, en cas de congé de maternité, de paternité ou d'accueil de l'enfant, de maladie ou d'accident du travail. Comme expliqué précédemment, l'automaticité de la prolongation ne paraît pas pertinente. Retrait, à défaut, avis défavorable.

L'amendement COM-46 n'est pas adopté.

L'amendement COM-57 harmonise la procédure de titularisation des enseignants-chercheurs sur celle des chercheurs, en précisant que la décision est actée par le chef d'établissement, après avis de la commission de titularisation.

L'amendement COM-57 est adopté.

L'amendement COM-58 va déclencher une polémique avec le Gouvernement. La titularisation des bénéficiaires des chaires de professeur junior est examinée par une commission ad hoc composée de personnes de rang égal à celui de l'emploi à pourvoir et comportant, à la suite de l'adoption d'un amendement à l'Assemblée nationale, pour moitié au moins des enseignants-chercheurs ou des chercheurs extérieurs à l'établissement. Cette procédure fait donc l'économie, pour les enseignants-chercheurs, du « filtre » national du CNU, et suscite des craintes tant en termes de « localisme » du recrutement que de reconnaissance de la légitimité des personnes promues par cette voie.

Il est donc proposé que la moitié des enseignants-chercheurs extérieurs, soit le quart de la commission, appartienne au groupe du CNU correspondant à l'emploi à pourvoir. Cela constituera une garantie de la bonne acceptabilité de cette voie de recrutement.

L'amendement COM-58 est adopté, de même que l'amendement de précision rédactionnelle COM-59.

L'amendement COM-28 introduit comme condition à la titularisation dans une chaire de professeur junior l'obtention d'une habilitation à diriger des recherches (HDR). Compte tenu des fortes inquiétudes suscitées par une procédure parfois perçue comme une voie de promotion expresse, il semble nécessaire de l'encadrer davantage. Imposer l'obtention d'une HDR répond à ce souci. Avis très favorable.

L'amendement COM-28 est adopté.

L'article 3 est adopté dans la rédaction issue des travaux de la commission.

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