Intervention de Gérard Larcher

Réunion du 19 octobre 2020 à 17h00
Hommage à un professeur assassiné

Photo de Gérard LarcherGérard Larcher, président :

Monsieur le garde des sceaux, mes chers collègues, la République a une nouvelle fois été attaquée, vendredi dernier, à Conflans-Sainte-Honorine. C’est à l’un de ses serviteurs que s’en est pris le terrorisme islamiste. Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, a été assassiné dans des conditions barbares pour avoir enseigné la liberté de pensée, la liberté d’écrire, la liberté de caricaturer, assassiné pour avoir enseigné que nous sommes une société de liberté qui refuse la haine. Samuel Paty a été pris pour cible, au fond, pour avoir porté les valeurs de la République.

Mercredi prochain, la Nation lui rendra hommage. Sans attendre, je tiens, au nom du Sénat, et comme des millions de Français, à exprimer notre compassion et notre soutien à la famille de Samuel Paty, à ses proches, ainsi qu’à ses collègues et aux élèves du collège du Bois d’Aulne, où il enseignait, comme aux habitants et aux élus de Conflans-Sainte-Honorine et d’Éragny. Je tiens également à assurer de notre solidarité et de notre soutien l’ensemble de la communauté enseignante de notre pays, profondément affectée.

La République est en danger comme elle l’a rarement été. Cet acte odieux vient après tant d’autres. Une fois encore, il nous faut rester unis et déterminés : déterminés à ne plus rien céder, jamais, nulle part. J’entends que nous sommes « à un tournant ». Quel est donc ce tournant ? Tuer des enfants à Toulouse, n’était-ce pas déjà un tournant ? Assassiner des journalistes, n’était-ce pas un tournant ? Et égorger un prêtre dans son église ? Tuer un policier et sa conjointe à leur domicile ? À chaque fois, c’était un tournant.

Ne tournons-nous pas sur nous-mêmes ? Nous avons « été Charlie » ; nous nous sommes rassemblés pour crier notre indignation ; nous avons clamé avec force les valeurs de la République ; nous avons fait la promesse que l’avenir ne ressemblerait plus au passé, que la République réagirait avec détermination.

Et pourtant, le présent ressemble au passé : là encore, déclarations, mobilisations, engagements… Nous, parlementaires, qui avons déjà produit de très nombreux rapports sur ce sujet, nous devons contribuer à une réponse ferme de la République, à la hauteur du danger. Nous le devons aussi à la mémoire de Samuel Paty. Nous ne devrons plus accepter d’accommodements : la laïcité pleine et entière, l’État de droit partout et pour tous.

Monsieur le garde des sceaux, mes chers collègues, je vous invite à observer un moment de recueillement en mémoire de Samuel Paty, mais aussi pour affirmer notre attachement, dans notre diversité, aux valeurs de la République.

1 commentaire :

Le 26/11/2020 à 14:00, aristide a dit :

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" Nous ne devrons plus accepter d’accommodements : la laïcité pleine et entière"

Ce serait bien de ne plus faire de contresens sur le fameux "sans distinction de religion"...

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

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