Madame la sénatrice Poncet Monge, la crise a effectivement aggravé les inégalités sociales et elle a aussi alourdi la précarité de beaucoup de nos concitoyens. La situation est la même dans le monde entier. Cependant, je ne partage pas votre constat selon lequel la protection sociale ne jouerait plus son rôle d’amortisseur. En effet, notre pays peut se targuer d’avoir un système de sécurité sociale qui fonctionne de manière efficace. Il n’est qu’à se rappeler la crise bancaire et économique de 2008, qui a causé trois fois moins de nouveaux pauvres en France qu’en Allemagne : la protection sociale a joué son rôle, dans notre pays, même s’il a fallu augmenter les dépenses publiques.
Nous n’hésitons pas à faire de même dans la crise que nous traversons, comme le montrera l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Son montant en matière de dépenses publiques est le plus élevé de toute l’histoire, car il va jusqu’à prendre en compte la rehausse des salaires de personnes qui ne gagnent pas très bien leur vie.
Le Gouvernement a d’ores et déjà engagé non pas quelques millions, mais plus de 3 milliards d’euros en soutien aux plus précaires dans notre pays. Le Premier ministre a annoncé une aide exceptionnelle de solidarité, qui sera versée à plus de quatre millions de foyers en difficulté. Cette mesure s’ajoute à l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, ainsi qu’à une précédente aide exceptionnelle, allant jusqu’à plusieurs centaines d’euros par famille, qui avait été versée au cours des mois de mai et juin derniers pour faire face à la crise.
Le confinement a eu pour effet d’augmenter les dépenses. Il a réduit les sources d’appoint financier qu’étaient, par exemple, les « petits boulots ». La fermeture des cantines a également eu un coût.
Cependant, dans le cadre du plan de relance, que ce soit à l’échelle européenne ou française, nous avons investi massivement, et à des niveaux jamais atteints, pour faciliter l’accès des jeunes à l’emploi et à la formation professionnelle. La France a ainsi fait le choix de lutter contre la première cause de précarité, c’est-à-dire contre le chômage. En effet, comme vous le savez, l’emploi reste la voie essentielle pour sortir de la misère. Par conséquent, bien loin de nous l’idée de donner de l’argent aux entreprises ; quand nous aidons les jeunes à trouver un emploi, nous leur offrons une chance et un espoir d’éviter la pauvreté et la misère.