Intervention de Josselin de Rohan

Réunion du 16 novembre 2009 à 14h30
Afghanistan — Débat d'initiative sénatoriale

Photo de Josselin de RohanJosselin de Rohan :

Les différends entre les deux pays du sous-continent indien retentissent sur la solution du conflit afghan, et il est de l’intérêt de tous de les aplanir.

Messieurs les ministres, ne soyons pas insensibles aux demandes de fourniture d’armements destinés à combattre le terrorisme qui émanent des autorités pakistanaises. Veillons simplement à ce qu’ils ne soient pas détournés de leur destination. Sous cette réserve, répondons à l’appel qui nous est lancé.

Nos interlocuteurs pakistanais, indiens, russes ou chinois rencontrés lors de nos missions en Inde, au Pakistan ou aux Nations unies, ont souligné à l’envi combien notre présence et celle de nos alliés américains étaient indispensables en Afghanistan pour éviter que le pays ne retombe sous l’influence des djihadistes et des terroristes. Leurs exhortations contrastent avec leur absence d’engagement militaire ou politique, exception faite du Pakistan.

Notre départ ne conduirait pas seulement à replonger l’Afghanistan dans l’univers rétrograde et barbare des islamistes : il mènerait inéluctablement à la reconstitution de son sanctuaire par la centrale du crime qu’est Al Qaïda. Il ébranlerait profondément la région, où les djihadistes, confortés par leur victoire, disposeraient de relais et de complices qui déstabiliseraient les États voisins.

Qu’adviendrait-il de la paix dans la région si le Pakistan, puissance atomique, tombait aux mains des islamistes extrémistes ?

Cependant, si nous devons continuer la guerre, nous ne pouvons la mener seuls. Le combat des pays de l’OTAN en Afghanistan n’est pas exclusivement celui des membres de l’Alliance atlantique, il est aussi celui de l’ensemble de la communauté internationale : prenons garde qu’il ne soit présenté comme le combat des Occidentaux contre les Orientaux ou des « infidèles » contre l’islam.

La lutte contre le terrorisme et le fondamentalisme est l’affaire de tous, tout particulièrement des pays proches et riverains de l’Afghanistan. Le trafic de l’opium a transformé en narco-États certains pays d’Asie centrale et a considérablement accru la consommation d’héroïne en Iran, en Chine et même en Russie. À titre indicatif, 40 % de l’opium produit en Afghanistan est exporté au Pakistan, 30 % en Iran et 25 % en Asie centrale.

La conférence internationale sur l’Afghanistan qui doit se tenir en janvier prochain à la demande de la France et du Royaume-Uni doit être l’occasion d’impliquer davantage les pays voisins de l’Afghanistan, mais aussi la Russie et l’Inde, dans la lutte contre les extrémistes.

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