Intervention de Jean-Yves Le Drian

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 octobre 2020 à 16h40
Audition de M. Jean-Yves Le drian ministre de l'europe et des affaires étrangères sur la situation internationale en téléconférence

Jean-Yves Le Drian, ministre :

C'est un lieu de complexité géographique, ethnique et nationale entre deux pays qui faisaient auparavant partie de l'Union soviétique. Il y a le Haut-Karabagh, à dominante arménienne, au milieu de l'Azerbaïdjan, et une zone sous contrôle azéri en Arménie, le Nakhitchevan, qui ne pose pas problème pour le moment. L'Arménie et la Russie sont liées par un accord de défense. Nous avons des relations étroites et anciennes avec ce pays. Le dernier sommet de la francophonie s'est tenu à Erevan il y a deux ans. Mais nous avons aussi des relations avec l'Azerbaïdjan : les précédents chefs de l'État français se sont tous rendus à Bakou.

Nous sommes coprésidents du groupe de Minsk, créé en 1994 à la fin de la première guerre qui avait conduit à l'indépendance des États, une coprésidence que nous partageons avec les Russes et les Américains. En réalité, nous aurions dû prendre des initiatives dans ce cadre pour que les Azéris et les Arméniens parviennent à un accord dans ce conflit qui ne s'est jamais éteint ; la solution ne viendra pas par les armes. Je parle très régulièrement avec mes homologues des deux parties, chacun dit qu'il est d'accord pour un cessez-le-feu, pour ouvrir l'accès à l'aide humanitaire, pour l'engagement de négociations, mais demande que ce soit l'autre partie qui fasse le premier pas. Chacun accuse l'autre de ne pas respecter le cessez-le-feu, obtenu, le 10 octobre, par le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov - un cessez-le-feu qui était caduc deux jours plus tard. Le Président de la République a repris l'initiative samedi dernier, il a discuté tout l'après-midi avec les deux parties et obtenu un cessez-le-feu et un communiqué commun, qui a tenu...trois jours. Nous savons tous que la solution est le cessez-le-feu immédiat, l'accès de l'aide humanitaire, puis des négociations, nous le répétons aux deux parties. Il y aura prochainement d'autres initiatives, nous essayons d'avancer, pour la paix. Nos efforts suscitent des critiques dans la communauté arménienne en France, où certains nous reprochent notre impartialité, notre effort d'équilibre entre les deux parties, mais, en tant que coresponsables des accords de 1994, nous devons rester impartiaux, ou bien nous serons contestés, et alors qui nous remplacera, sinon la Turquie ?

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