Intervention de Bérangère Abba

Réunion du 5 novembre 2020 à 9h30
Questions orales — Chasse à courre

Bérangère Abba :

Madame la sénatrice Rossignol, vous le soulignez à raison, notre sensibilité et notre regard vis-à-vis du monde animal ont évolué. Il suffit de voir la place très importante que cette question a prise dans le débat public aujourd’hui. Nous sommes attendus et observés sur ces sujets.

Nos habitudes, nos pratiques, nos patrimoines culturels peuvent évoluer. Ainsi, nous avons récemment pris des décisions fortes, en concertation avec les acteurs concernés, sur les cirques itinérants qui pouvaient détenir des animaux sauvages ou sur les delphinariums.

Concernant la chasse, j’appartiens à un gouvernement qui, par un dialogue régulier avec les chasseurs, a permis le plus d’avancées pour encadrer les pratiques et répondre à ces inquiétudes. Le chemin est long, et nous devons avoir ce débat.

La vénerie regroupe à ce jour 390 équipages, pour 70 000 veneurs et suiveurs. Vous évoquez les craintes sur les populations de cervidés. Or les prélèvements sont assez faibles. En outre, ils sont réalisés dans le cadre d’un plan de chasse à l’échelle d’un territoire, qui vise à assurer la conservation d’une population de cervidés viable. Le cerf élaphe a d’ailleurs vu son aire de répartition s’étendre.

Le récent incident de Compiègne a permis de réaffirmer les mesures applicables aux modalités d’encadrement de fin de chasse à courre qui ont été adoptées en réponse aux incidents de l’automne 2018 dans l’Oise. Un arrêté du 25 février 2019 a modifié celui du 18 mars 1982 relatif à la vénerie pour introduire les règles suivantes : l’animal est gracié dès lors qu’il se trouve à proximité des habitations, jardins ou zones commerciales ; le maître d’équipage veille à ce que l’animal ne soit pas approché, s’assure de la sécurité des personnes, met tout en œuvre pour retirer les chiens dans les meilleurs délais et facilite le déplacement de l’animal loin de la zone habitée ; il peut enfin être décidé de faire procéder à l’anesthésie de l’animal.

La société de vénerie a, de son côté, établi une charte de bonnes pratiques, qui impose un retrait des chiens si le gibier arrive en ville et de le gracier dans cette situation.

Enfin, je rappelle qu’à chaque incident de chasse une enquête est diligentée afin de vérifier si toutes les procédures évoquées ont bien été respectées, chacun s’exposant à des sanctions si tel n’était pas le cas.

Toute évolution, quelle qu’elle soit, qu’elle concerne les pratiques ou les outils de gestion adaptative, vous le savez, nécessite un dialogue, un échange. Ces objectifs doivent être éclairés par une donnée scientifique, qui accompagne ce nouveau regard sur le capital naturel. Des solutions et un diagnostic partagés dans le dialogue : voilà ce à quoi je m’engage.

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