Vous nous avez dit que le Sénat est toujours remis en cause et doit donc se tourner vers l'avenir. Je me souviens que François Mitterrand disait que, depuis qu'il faisait de la politique, et même avant, on parlait en mal de la politique. La critique du Sénat fait partie du paysage, mais n'est pas forcément conforme à la vérité, car il fait plutôt du bon travail, surtout en ce moment. Concernant la prospective, elle ne vise pas à prédire l'avenir, mais à dégager du passé et du présent des lignes qui peuvent être utiles. Les prospectivistes pas plus que les politiques n'avaient prévu la période actuelle. Si dans nos groupes politiques respectifs, à l'automne dernier, un sénateur ou une sénatrice avait proposé de poser une question au Gouvernement portant sur l'état de nos stocks de masques, celle-ci n'aurait probablement pas été considérée comme urgente. La crise sanitaire, comme les attentats terroristes, se produisent sans forcément avoir été prévus. D'ailleurs, c'est un invariant de la politique que les choses ne se passent pas comme prévu. Il est toutefois nécessaire de préparer l'avenir et de relier le court terme au long terme.
Je termine par une remarque sur la question de la dette. Beaucoup de nos compatriotes ont dans l'idée que la dette se résorbera d'elle-même. Je pense à l'inverse que l'on ne remboursera jamais la dette. Il serait bon de disposer de scénarios prospectifs sur la dette car il est certain que le jour où il faudra payer la dette, cela aura des conséquences lourdes sur nos budgets et nos choix politiques.