Intervention de Philippe Folliot

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 18 novembre 2020 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2021 — Audition du général christian rodriguez directeur général de la gendarmerie nationale

Photo de Philippe FolliotPhilippe Folliot :

Je ne reviens pas sur la nécessité pour la gendarmerie d'avoir un maillage resserré en milieu rural et isolé.

Cela fait 11 ans que la gendarmerie et la police dépendent du ministère de l'intérieur avec l'objectif commun du maintien de l'ordre. Est-ce que vous estimez qu'il y a un équilibre dans le traitement et les moyens apportés aux gendarmes mobiles par rapport aux CRS ?

Général Christian Rodriguez. - Sur le Livre blanc et le sujet du redéploiement, la question n'est pas simple et repose sur une ambigüité du code général des collectivités territoriales (CGCT). Ce dernier prévoit une zone de police d'État non pas opposition à une zone de gendarmerie, mais distingue les pouvoirs du préfet des pouvoirs du maire. Tout a été construit là-dessus. Aujourd'hui, on prévoit un seuil de population de 20 000. Les normes sont assez compliquées à apprécier. La question de l'urbanisation, après la crise sanitaire, risque d'être modifiée. Tout bouge. La délinquance aussi. On parle plus des problèmes entre la police et la gendarmerie qu'il n'y en a en réalité. Le sujet du redéploiement est compliqué. La sociologie change. Il faut que l'on s'y intéresse afin de trouver la meilleure adéquation entre l'attente des maires, de la population et ce que le ministère est capable de faire. L'idée est d'apporter une meilleure performance. C'est courageux de poser la question. On pourrait l'ignorer.

Sur la disparité des créations d'emploi, il faut noter que les personnels de la DGSI sont des policiers. En recalibrant les périmètres, on se rapproche du 2/3, 1/3 qui est la norme dans l'évolution des effectifs de la police et de la gendarmerie. Sur la revalorisation de la filière OPJ, les gendarmes en bénéficient aussi. Je sens qu'il y a une volonté de nous faire une place, voire plus, au ministère de l'intérieur. Je peux en attester.

Sur les réservistes, nous avons eu une baisse mais nous avons aussi eu un changement du système de paie. C'est compliqué de faire des comparaisons. Je vous rejoins sur l'apport de ces réservistes et du brassage social qu'il procure.

Sur la sécurisation des brigades, on a mis 10% du montant de l'immobilier chaque année sur la sécurisation depuis 10 ans. Il faut distinguer le locatif du domanial. On essaie de négocier avec les bailleurs un loyer en hausse contre des travaux de sécurisation. Si on a dans l'avenir plus de brigades sans fil, on changera peut être la façon dont on construit la brigade. Nous sommes très attentifs à ce sujet.

Concernant les logements, un député vient de travailler sur un nouveau modèle. Compte tenu des taux d'intérêt aujourd'hui, nous travaillons sur le sujet.

La question de l'attractivité de certaines régions se pose effectivement. Il est plus facile de recruter en Bretagne ! La contractualisation permet d'expliquer aux gradés qu'ils seront prioritaires pour l'affectation de leur choix après un passage dans une certaine région. Ils bénéficient d'une garantie de priorité dans leur future affectation. En jouant sur ce levier, on va considérablement réduire les inégalités.

Nous avons 5 à 10% des effectifs de l'opération Sentinelle en zone gendarmerie. Nous sommes proches et cela se passe bien entre nous, notamment lors des contrôles à la frontière. Nous avons des préoccupations communes même s'ils dépendent toujours du ministère de la défense.

Sur les sujets numériques, ils sont traités à plusieurs niveaux, interministériel et ministériel. Nous sommes nombreux à nous intéresser à l'intelligence artificielle. Et nous sommes tous connectés ensemble pour faire avancer les idées et progresser. La direction interministérielle de la transformation publique (DITP) est un excellent catalyseur en ce domaine. Le numérique doit nous permettre d'être plus performant.

Je rebondis sur l'application GendNote qui est juste une prise de note électronique. Il n'y a aucune atteinte aux libertés individuelles. Le but est de prendre les notes directement de façon électronique sur place afin d'éviter de les prendre de façon manuscrite puis de les retaper au bureau.

Sur les sujets de cyber attaque, nous avons un réseau intranet qui est à diffusion restreinte. Nous avons tout le temps des attaques. Nous n'avons jamais eu de souci malgré les nombreuses attaques. Nous sommes très attentifs dans ce domaine. Nous avons des logiciels libres pour éviter d'avoir des failles et pour une meilleure maîtrise des outils. NEO bénéficie d'un système de protection qui lui est propre. Nous sommes hyper vigilants sur ce sujet.

Sur la question de la lenteur des procédures administratives, nous sommes parfois encore sur des schémas anciens et je souhaite bien évidemment que les normes soient assouplies et plus adaptées aux territoires. Je partage totalement votre constat même si notre administration n'est pas la seule en cause. Les besoins peuvent évoluer au cours du temps, il faut absolument être plus rapide. C'est un combat de plus !

Sur le plan de relance et les réservistes, le nouveau matériel, comme les nouveaux gilets pare-balles, bénéficieront bien entendu aussi aux réservistes.

Sur la pérennité des brigades de contact en zone rurale, nous allons les maintenir. Nous avons arrêté de dissoudre ces brigades et nous les avons même renforcées. Je souhaiterai que le réserviste puisse garder son arme chez lui comme il a son uniforme chez lui, s'ils sont à jour dans leur formation au tir et dans le cadre de la réglementation actuelle sur la possession d'armes chez soi. Cela permet de renforcer le maillage et la proximité avec l'élu dans une situation de crise locale. J'espère expérimenter ce dispositif dès l'année prochaine.

Sur les conditions de logement et les liens avec les bailleurs, la partie locative est la partie la plus importante. Nous sommes des clients comme les autres, nous payons nos loyers, donc le propriétaire a les mêmes obligations envers tous les locataires, nous compris. Je reconnais que nous avons une marge de progrès.

Concernant le recrutement, notamment scientifique, 40% de nos jeunes officiers sont, cette année, ingénieurs. Mon ambition est d'élever aussi le niveau numérique du personnel. Nous avons trois polytechniciens qui nous ont rejoints à la sortie de l'école. Nous en avons recruté sept en trois ans. Ils viennent chez nous car on leur construit des parcours de carrière. On leur offre la possibilité de commander sur la moitié de leur carrière. Au final, nous sommes attractifs. Nous allons créer un concours universitaire Master 2 scientifique l'année prochaine.

Je partage votre avis sur les contrefaçons. La délinquance bouge et s'oriente vers des domaines qui lui font prendre moins de risques. Les trafics de déchets et de véhicules agricoles rapportent beaucoup d'argent. Les nouvelles frontières, c'est aussi ça ! Il faut être présent aux endroits où la criminalité s'installe. Nous avons eu un financement d'Europol pour nous aider à lutter contre ce type de criminalité.

Sur l'outre-mer, il est compliqué de faire des ratios car notre système d'information RH ne connait pas les origines du personnel. Il est interdit d'avoir ce genre d'information dans nos bases de données. Une recherche par le lieu de naissance ne veut pas dire grand-chose avec la mobilité actuelle. Il faut réclamer cette prime.

Aujourd'hui, nous avons 219 personnels bénéficiaires de la prime d'installation pour un montant de 850 000 euros. Nous essayons là aussi d'être plus performants dans le cadre de la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM). Les originaires ne sont pas toujours privilégiés. Nous avons un système de gestion un peu particulier. Un polynésien ne reviendra pas en Polynésie à la fin de son école pour y faire toute sa carrière. Nous devons préserver un flux annuel d'affectation en outre-mer qui permette à chacun d'y aller. Parallèlement, nous favorisons le recrutement local pour les volontaires, anciens emplois jeunes, pour une durée de six ans. Je comprends votre volonté de mieux connaître la situation mais je n'ai pas les moyens de répondre précisément.

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