Madame la ministre du travail, le télétravail s’est invité dans nos vies, notamment en raison de la crise sanitaire. Il est, actuellement, la solution la plus efficace pour résoudre la difficile équation de maintenir une activité économique et professionnelle tout en limitant les contacts entre citoyens.
Ce passage contraint et massif au télétravail ne doit toutefois pas servir de référence à une diffusion plus large de ce mode de travail. Le télétravail en situation de crise n’est pas représentatif d’un télétravail efficace et équilibré. Comme tous les modes d’organisation, il doit être pensé et structuré, requérant en outre une formation préalable, des outils adaptés, un partage de l’information à l’abri des menaces cyber, une réduction de la fracture numérique entre les territoires et de nouveaux processus dématérialisés.
Le télétravail présente, à première vue, de nombreux avantages : sur le plan environnemental, en limitant les transports ; sur le plan territorial, en désengorgeant les métropoles et en libérant des surfaces ; sur le plan personnel, en apportant flexibilité dans la vie de nos concitoyens. Apparaissant, de prime abord, comme une petite révolution, il est avant tout une adaptation à une société qui évolue sans pour autant annihiler les bénéfices indiscutables d’un lien social, qui reste plus que jamais essentiel.
Pour cela, il faudra veiller à une forme de justice dans son application, tous les métiers n’y étant pas éligibles et tous nos concitoyens n’étant pas égaux devant les compétences spécifiques qu’il requiert. Nous devons travailler, dès aujourd’hui, à l’articulation optimale entre télétravail et présentiel, en considérant le premier de manière qualitative plutôt que quantitative.
En outre, il nous faut dès à présent travailler sur les effets collatéraux du télétravail : droit à la déconnexion, à la prévention des conduites addictives et des traumatismes psychologiques.
Au vu des nombreux enjeux de cette nouvelle pratique, n’est-il pas opportun, madame la ministre, de prévoir une grande réflexion autour de ce sujet majeur ? Quelle stratégie le Gouvernement souhaite-t-il mettre en œuvre concrètement, afin de permettre à nos dirigeants comme à nos salariés d’appréhender ce virage sociétal avec succès ?