Madame la secrétaire d’État, avec 7 milliards d’euros d’ici à 2030, la France rattrape enfin son retard dans le développement de la filière hydrogène.
Permettez-moi de rappeler qu’il y a quelques mois encore, à la fin de juillet, juste avant l’interruption de nos travaux, le Gouvernement alignait seulement 100 millions d’euros en faveur de cette filière, ce qui suscitait incompréhension et consternation sur ces travées. Il semble que le Gouvernement voulait nous ménager un effet de surprise. À la bonne heure ! J’ai parfois tendance à penser que le covid-19 peut avoir du bon…
Une part très importante de cette enveloppe cible la décarbonation de l’industrie et la production d’hydrogène. Je m’en réjouis, mais pour bien développer l’économie de l’hydrogène et préserver notre souveraineté, il faut parvenir à faire émerger simultanément ses usages. Ce plan de relance doit aussi être l’occasion de les diversifier.
Madame la secrétaire d’État, vous aurez compris que ma question porte sur les moyens et dispositifs mis en œuvre par la France pour rester dans la course de la mobilité hydrogène.
Si l’amont, c’est-à-dire sa production, semble aujourd’hui constituer une priorité du Gouvernement, qu’en est-il de l’aval, c’est-à-dire de l’industrialisation de cette filière et de la massification des projets et des usages ?
Plusieurs projets sont portés aujourd’hui par de petites structures à l’échelle locale, mais c’est loin d’être suffisant pour générer une demande à la hauteur de l’offre qui existera dans quelques années. Si la demande n’émerge pas en France, l’offre sera bel et bien présente, mais elle viendra de l’étranger.
Il faut soutenir l’émergence d’une filière industrielle française, sans reproduire les erreurs commises dans le passé pour les batteries ou les panneaux solaires. Des milliers d’emplois en dépendent, notamment dans le secteur automobile.
Quelles initiatives, ou mesures, l’Europe et le Gouvernement prennent-ils pour stimuler cette filière, qui pourrait permettre la réindustrialisation des territoires oubliés ? Je pense notamment à de possibles souplesses administratives, qui rendraient le cadre réglementaire plus incitatif, mais aussi à des mécanismes de soutien public, ou encore à une taxation du carbone aux frontières européennes, de manière à rendre plus compétitif l’hydrogène face aux hydrocarbures. Des discussions sont-elles engagées entre le Gouvernement et la Commission européenne ?
En présentant le plan hydrogène, au début de septembre, Bruno Le Maire expliquait que le déclassement français, c’était le renoncement des élites. Alors, madame la secrétaire d’État, ne renoncez ni à la production d’hydrogène ni à ses usages, car ils sont indissociables !