Madame la ministre, s'il y a une chose que j'ai saluée dans la politique gouvernementale, c'est bien le dédoublement des classes en REP et en REP+. L'annonce, la semaine dernière, de ces expérimentations dans trois départements pour finalement supprimer la carte des REP a vraiment constitué une surprise fort désagréable.
J'ai découvert qu'il était question de fournir une enveloppe à chaque recteur. Celui-ci décidera ensuite des écoles et des collèges qui bénéficieront de ces moyens supplémentaires sans qu'aucune coordination nationale garantisse l'équité dans la répartition des moyens, le respect d'objectifs communs ou la cohérence globale. Or les écoles rurales exclues des dispositifs REP ont également besoin de moyens supplémentaires.
On en a parlé à nombreuses reprises : les écoles rurales ont des besoins spécifiques, et il faut leur accorder des moyens supplémentaires pour maintenir une présence de proximité et de qualité sur tout le territoire. À l'heure actuelle, les dispositifs existants ne permettent pas de répondre à leurs besoins.
Certes, nous avons mis en place plus de maîtres que de classes, ce qui y répondait partiellement. J'ai le sentiment que votre expérimentation va aboutir à une concurrence entre les écoles rurales et les écoles des quartiers urbains défavorisés.
Pourquoi avoir consacré tant d'énergie à améliorer le fonctionnement des écoles en REP ? Leurs besoins ne sont pas les mêmes. Il s'agit de deux problématiques très différentes, et il faut répondre à chacune d'entre elles sans les mettre en concurrence.
Je relève d'ailleurs que Marc Douaire, président de l'Observatoire des zones prioritaires (OZP), a eu une réaction très négative suite à votre annonce concernant l'effacement de la politique d'éducation prioritaire engagée depuis quarante ans. Ne peut-on craindre, avec cette expérimentation qui se jouera au niveau du rectorat, en lien avec les établissements concernés, une rupture d'égalité et une logique de guichets ? Une dynamique collective avait été mise en place. On risque de la casser.
On l'a dit, il y a urgence. La crise sanitaire est aussi une crise sociale. N'allez-vous pas mettre le feu aux poudres ? Nous avons un mauvais souvenir des restructurations. On sait que cela se traduit généralement par des fermetures. Nous sommes donc globalement inquiets de la situation.
Enfin, certaines échéances politiques vont arriver. Face à l'urgence, il faudrait se donner les moyens de réagir tout de suite.