Intervention de Pierre Ouzoulias

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 2 décembre 2020 à 8h45
Audition de Mme Nathalie élimas secrétaire d'état auprès du ministre de l'éducation nationale et des sports chargée de l'éducation prioritaire

Photo de Pierre OuzouliasPierre Ouzoulias :

Madame la ministre, j'aimerais vous faire part de mon expérience d'élu des Hauts-de-Seine et de ma tentative de gestion des zones REP et REP+. J'ai commencé très modestement par essayer d'obtenir les critères de détermination des REP et des REP+. On m'a expliqué que ce n'était pas le rôle d'un élu, que le ministère de l'éducation nationale prenait ses responsabilités et ses décisions, et que je n'avais pas à m'en mêler.

Je suis néanmoins tenace. J'ai donc demandé au ministre, dans une question écrite, de bien vouloir expliquer à ces services qu'il était bénéfique de travailler avec un parlementaire : je n'ai toujours pas pu obtenir les critères.

Je vois des établissements de mon département sortir des zones et passer de REP+ en REP sans qu'on m'explique en quoi la réalité sociale du terrain, que je crois mieux connaître que le rectorat, a changé. C'est absolument incompréhensible !

Je tiens à vous dire de façon très forte et très solennelle que vous ne pourrez pas construire une politique des quartiers prioritaires sans les élus et sans une association très forte avec la politique de la ville.

Aujourd'hui, s'il existe deux interlocuteurs à introduire dans le débat que vous allez lancer, ce sont bien l'élu et le sous-préfet chargé des politiques de la ville dans les départements lorsque cette fonction existe. Les élus et les sous-préfets en charge des quartiers sont les seuls à avoir une connaissance exacte de la réalité du terrain.

L'académie de Versailles comporte deux départements sociologiquement totalement différents. Je sens bien, dans mes discussions avec le rectorat de Versailles, une incompréhension totale par rapport à mon département où on trouve à la fois des secteurs extrêmement pauvres, comme Gennevilliers, et le collège Lakanal de Sceaux.

Je l'ai dit à M. Blanquer lorsqu'il est venu nous proposer des pistes de réflexion : je ne vois pas comment on peut, dans une politique de guichets comme celle que vous allez mettre en place, se passer de l'expertise de l'élu.

Mon département compte un certain nombre de communes où il n'existe plus de mixité sociale. Il n'y en a plus non plus dans les collèges. Ce sont des établissements que vous allez pouvoir fermer dans très peu de temps, car les parents mettent malheureusement leurs enfants ailleurs, essentiellement dans le privé.

C'est une forme de séparatisme, madame la ministre : ce sont des territoires perdus de la République. Si vous ne prenez pas rapidement les choses en main, l'éducation nationale va reculer dans ces endroits. Or vous ne pouvez pas le faire sans les élus. J'attends les résultats du Grenelle de l'éducation, mais il faudrait des Grenelle dans chaque département. Cela fait six ans que je siège au comité départemental de l'éducation nationale : je n'ai jamais été associé à la gestion des REP et des REP+. Il faut commencer par là.

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