Intervention de Nathalie Élimas

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 2 décembre 2020 à 8h45
Audition de Mme Nathalie élimas secrétaire d'état auprès du ministre de l'éducation nationale et des sports chargée de l'éducation prioritaire

Nathalie Élimas, secrétaire d'État :

Merci pour vos nombreuses questions, qui montrent l'intérêt particulier que vous portez à l'éducation prioritaire et, de façon plus fine, à l'expérimentation.

Je continuerai avec plaisir à échanger avec vous tout au long de la phase préparatoire et pendant l'expérimentation afin que nous en mesurions ensemble les avancées.

Beaucoup d'entre vous ont parlé d'urgence. Je crois qu'il y a une légère erreur sur le calendrier. J'ai dû mal m'exprimer : l'expérimentation va démarrer en septembre 2021. On sera en situation de voir ce que l'on fait à la rentrée 2022, non en 2023.

Vous avez dit que je ne répondais pas à l'urgence. J'ai été nommée le 26 juillet. Je ne pouvais apporter de réponse concrète pour la rentrée 2020. Je pense que, de ce point de vue, tout le monde est d'accord. Il a fallu se saisir à bras-le-corps de la feuille de route et surtout entreprendre le dialogue que je mets en place en ce moment avec l'ensemble des acteurs et avec les élus.

S'agissant de l'urgence, le calendrier est clair et précis. L'expérimentation est prévue en 2021. Vous avez compris que je ne pouvais répondre fin juillet. C'était totalement impossible. En outre, je suis soucieuse du dialogue social, que je veux absolument maintenir.

La feuille de route correspond aux trois piliers que j'ai présentés synthétiquement au début de mon propos. La refonte de la carte de l'éducation prioritaire n'est pas l'unique levier destiné à répondre à l'urgence. Il y a également toutes les mesures qui ont été mises en place par Jean-Michel Blanquer, que nous continuons à impulser largement sur les territoires.

Je me rends dans les territoires ruraux, dans les petites villes, les petits villages. J'en ai déjà vu un certain nombre. J'ai effectivement pu mesurer, en deux mois, les écarts qui existent entre la ruralité et la ville. En effet, le monde rural a besoin de moyens supplémentaires.

S'agissant des critères nationaux et de la méthode, je répète que je souhaite ardemment travailler avec les élus que vous êtes. J'ai moi-même été élue d'une petite commune dans le Val-d'Oise. Je sais ce que c'est que d'être une élue de territoire, conseillère régionale, députée. J'ai été de l'autre côté. Rien ne se fera sans les élus locaux au sens large.

J'ai entrepris un travail de fond. Je reçois les associations d'élus. Je travaille avec eux. J'étais hier encore avec M. Fournier, président de l'Association des maires ruraux. Je veux être particulièrement claire sur ce point et vous rassurer.

Concernant les indicateurs, on reste bien dans un cadre national. L'éducation prioritaire est et restera une politique nationale, dont les leviers peuvent être actionnés par les acteurs de terrain.

Ces données nationales mobilisables sont de quatre ordres. On trouve premièrement des caractéristiques spécifiques aux établissements - typologie du collège, indice d'éloignement, typologie des communes.

Deuxièmement, d'autres caractéristiques sont propres aux élèves. On a beaucoup parlé de l'IPS. On peut aussi évoquer les indicateurs de profession et catégorie sociale (PCS), les élèves boursiers, les résultats des évaluations, l'orientation post-troisième, l'orientation post-seconde, les caractéristiques propres aux personnels du premier et du second degré.

Troisièmement, on étudie la proportion des titulaires, l'âge moyen, l'ancienneté générale, l'ancienneté moyenne sur un poste, la mobilité.

Enfin, le quatrième indicateur est propre aux académies, qui pourront y ajouter des éléments beaucoup plus spécifiques. Ceux existant sont liés au climat scolaire, au décrochage scolaire ou aux réseaux des équipements culturels et sportifs. C'est notamment très pertinent dans le cadre rural.

Ces critères seront retravaillés pendant toute la phase amont jusqu'à l'expérimentation, et les académies pourront y injecter des moyens supplémentaires.

Une remarque au sujet du Grenelle de l'éducation. Vous avez fait un parallèle avec le Grenelle des violences faites aux femmes dont ont résulté 46 propositions. Votre rapprochement m'a quelque peu heurtée. 61 % de ces propositions sont aujourd'hui réalisées. Ce n'est pas l'objet de cette audition, mais il y a du concret derrière le Grenelle de l'éducation - et il y en aura à sa suite.

Dix groupes de travail sont à la tâche, dont trois spécifiquement orientés vers l'éducation prioritaire, afin de répondre à mon souhait.

On a aussi évoqué le temps politique. Mon objectif est d'abord et avant tout de faire réussir les élèves, comme vous tous ici. Je souhaite donc être très concrète. Soyez donc rassurés : je ne me contenterai pas de mots.

On a d'autre part abordé le sujet des moyens. Je vous ai dit que nous étions à moyens constants. Je voulais répondre à une question qui m'a déjà été posée : la mise en place de cette expérimentation ne risque-t-elle pas de déshabiller les REP telles qu'elles existent aujourd'hui ? Non, nous sommes à moyens constants, et des moyens spécifiques vont être alloués à l'expérimentation. Ils sont d'ordre variable. Cela peut être des moyens en formation, des crédits pédagogiques, un abondement en DHG.

Vous m'avez interrogée sur la méthode et le nombre d'établissements. Je disposerai, entre fin décembre et, au plus tard, le 15 janvier, la liste précise des établissements proposés par les académies. Je ne peux, à ce stade, répondre avec précision à votre question.

Quant à la méthode, ainsi que je l'ai dit, un comité de pilotage est installé et a commencé à travailler sur la phase amont de l'expérimentation, afin de déterminer la façon dont on choisit les établissements et les méthodes que nous allons employer.

S'agissant du dédoublement des classes du réseau d'éducation prioritaire, il n'y a pas de remise en cause de ces dédoublements.

Pour ce qui est de la notion de réseau, les contrats locaux d'accompagnement sont à la fois conditionnés à un engagement sur des objectifs pédagogiques ambitieux, mais doivent également faire entrer de nouveaux publics. Vous avez évoqué l'exemple des « écoles orphelines » ou des lycées professionnels : c'est l'objectif. Les lycées professionnels pourront désormais être inscrits dans la logique de réseau. Contrairement à ce que vous avez pu penser, l'idée n'est pas de casser la logique pédagogique ni le parcours du réseau.

Un point sur le lien avec la mixité sociale. On n'a pas, à ce stade, parlé des outre-mer, qu'il ne faut pas oublier et que je vais aller visiter dans le courant du premier trimestre 2021 et avec lesquelles je travaille.

Il existe trois académies expérimentatrices. Les Outre-mer n'en font pas partie, mais sont néanmoins particulièrement intéressées. La Martinique, dont l'un des établissements connaît une certaine perte d'attractivité et de perte de mixité sociale, s'est d'ailleurs saisie de l'expérimentation.

Il existe en Martinique un fort besoin d'apprentissage en langues étrangères, en particulier en anglais. Les professeurs de cet établissement, classé en REP+, à la rentrée prochaine, vont mettre en place un cours spécifique d'anglais, ce qui permettra d'attirer de nouveaux élèves. On va donc, par ce biais, lutter contre la perte d'attractivité et apporter une réponse très concrète à la question de la mixité sociale.

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