Je représente une organisation assez récente, Indépendants.co, un néo-syndicat créé en février 2020, sur la base du constat que les travailleurs indépendants sont de plus en plus nombreux, que leurs situations et leurs besoins sont nouveaux et nécessitent une représentation en phase avec une réalité changeante. Nos membres sont surtout des personnes qui nous ont connus via les réseaux sociaux et qui travaillent en majorité dans le numérique. La moitié sont auto-entrepreneurs tandis que l'autre moitié regroupe des régimes divers (entreprise individuelle, société individuelle, SARL, SASU, etc.). 95 % n'ont jamais été syndiqués et ne se sont jamais posé de questions relatives à leur protection sociale et à la réglementation qui les concerne. La plupart nous ont rejoints suite à la crise de la COVID.
Nous sommes beaucoup intervenus dans les médias sur la question du fonds de solidarité car les indépendants ont été durement touchés par la crise, quel que soit leur secteur d'activité. Nous avons donc essayé de faire entendre cette voix aux côtés des autres organisations syndicales pour dire que l'économie est interdépendante et non sectorisée.
Nous avons pu rencontrer Alain Griset et son cabinet pour lui exposer la manière dont nos indépendants aimeraient être accompagnés durant cette crise, en proposant un plan en 3 points :
Premièrement, le fonds de solidarité doit accompagner tous ceux qui sont en difficulté jusqu'à la reprise. Un indépendant est à la fois une entreprise et une personne physique. Si une entreprise a une certaine marge de manoeuvre, en obtenant des prêts ou en aménageant son organisation, une personne a besoin d'une somme d'argent incompressible pour vivre. Quand toute l'économie s'arrête, les indépendants, qui paient des cotisations sociales et des impôts, doivent pouvoir bénéficier de la solidarité nationale.
Deuxièmement, des mesures sectorielles : il doit être possible d'accéder à des aides supplémentaires en fonction de la situation de chaque secteur. Par exemple, un restaurant ou un commerce ont des besoins différents d'un auto-entrepreneur qui n'a pas de locaux.
Le troisième et dernier point a trait à la relance et à la formation, via des prêts bancaires mais aussi des primes de relance pour certains métiers où il est impossible d'emprunter et via la formation qui est un facteur de reconversion.
De façon plus pérenne, nous sommes favorables à une réforme de l'assurance chômage qui inclurait les indépendants de façon plus complète qu'à ce jour et qui s'inspirerait davantage du fonds de solidarité que le système actuel de l'Allocation pour les travailleurs indépendants (ATI).