Intervention de Jacky Deromedi

Délégation aux entreprises — Réunion du 26 novembre 2020 à 8h30
Table ronde sur les réponses des acteurs de la politique d'aide aux entreprises apportées aux difficultés des entreprises françaises à l'étranger

Photo de Jacky DeromediJacky Deromedi, rapporteur :

Je suis très déçue par ce que j'ai entendu. Il me semble que votre travail est ciblé sur les grandes entreprises françaises à l'exportation. Or notre préoccupation est le soutien des entrepreneurs Français basés à l'étranger qui ne sont pas des filiales de grands groupes français. Nous constatons que de nombreux dispositifs existent pour ces grands groupes, mais rien n'a été pensé pour les périodes de crise comme celle que nous vivons actuellement. Des entrepreneurs qui sont courageusement partis créer des entreprises à l'étranger se retrouvent livrés à eux-mêmes, alors qu'ils participent au commerce extérieur et au rayonnement de la France. Ces entrepreneurs demeurent les grands oubliés du plan de relance, se retrouvant dans des situations dramatiques.

J'ai récemment parlé à une femme implantée en Indonésie, qui se trouve aujourd'hui dans une situation désespérée. Son entreprise de traiteur risque de disparaitre alors qu'elle a passé des années à la développer. Il ne s'agit pas de filiales à l'export mais de Français qui se sont démenés pour monter leur entreprise à l'étranger, contribuant à représenter notre art de vivre. Je connais également un entrepreneur qui a investi toutes ses économies dans une agence de voyages au Vietnam. Il embauchait 80 personnes mais l'entreprise n'a pas facturé depuis 9 mois et s'apprête à fermer.

Vous réalisez certes un travail formidable, qui aide ces personnes à survivre. Mais pour qu'elles puissent rester à l'étranger, il leur est nécessaire de reconstituer leur trésorerie. Un amendement a été déposé au projet de loi de finances pour 2021 pour débloquer une aide d'urgence de 30 millions d'euros, mais il faudra beaucoup plus pour que toutes ces entreprises puissent reconstituer une trésorerie d'au moins 6 mois. Nous avons suscité de grands espoirs chez ces entrepreneurs. Ceux-ci doivent se concrétiser et nous ne baisserons pas les bras, même si nous nous rendons compte que vous n'avez pas de réponse à leur apporter. Si nous les faisons rentrer en France sans rien, elles perdront tout ce qu'elles ont investi et la France perdra des parts de marché. L'Italie et l'Allemagne aident leurs entrepreneurs à l'étranger, alors que nous attendons que les gouvernements locaux aident nos ressortissants.

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