Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 2 décembre 2020 à 9h30
Audition de M. Juan Guaido président de l'assemblée nationale du venezuela et président de transition en charge de mettre en oeuvre un processus électoral

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Monsieur le président, je dois être garant du juste équilibre et de la bonne information de mes collègues. C'est pourquoi nous avons organisé cette audition, qui sera suivie d'une audition de l'ambassadeur du Venezuela. C'est ici la règle en cas de conflit touchant un pays que nous suivons : nous essayons de recueillir l'avis des deux parties.

Ceci ne porte nullement atteinte aux témoignages que vous avez apportés, mais cela montre l'extrême intérêt que la France et notre institution portent au Venezuela. Nous serons extrêmement attentifs aux échéances politiques à venir dans votre pays.

Notre souhait est que le peuple vénézuélien choisisse librement et démocratiquement son avenir. C'est la règle qui nous guide, et nous vous donnons acte des éléments que vous avez apportés, qui vous conduisent à ne pas participer à cette élection législative.

Je souhaite préciser - et je pense que ce sentiment est partagé par nombre de nos collègues - que nous souhaitons que vous puissiez éviter l'interférence d'un certain nombre d'autres pays, quels qu'ils soient et quelle que soit leur sensibilité, de telle sorte que les principes démocratiques soient respectés. Lorsque la démocratie s'applique, il est en effet assez rare qu'un sentiment général ne se dégage pas de l'expression du suffrage universel.

J'ai par ailleurs une pensée pour la population du Venezuela, qui vit de manière dramatique les conséquences de cette crise politique qui n'en finit pas. Vous avez rappelé ce qu'était le Venezuela quand son économie fonctionnait. Votre pays était le troisième producteur mondial de pétrole. Toute cette richesse n'est désormais plus au service de la population, et nous ne pouvons que le regretter.

J'ai souhaité que toutes les opinions puissent s'exprimer. C'est mon devoir d'y veiller. Je n'ai pas, dans le cadre de la présidence de cette commission, à faire état des miennes, qui sont par ailleurs connues, mais j'espère qu'une solution finira par être trouvée, de telle sorte que le Venezuela retrouve la vocation du grand pays qu'il a été en Amérique du Sud.

Nous échangions en milieu de journée avec l'ambassadeur du Chili et son ministre des affaires étrangères, qui nous faisaient part de leurs soucis et de leurs préoccupations face à la situation du Venezuela, car l'Amérique latine, qui connaît de nombreux soubresauts dans un certain nombre de pays, mérite mieux que l'image qu'elle donne pour l'instant.

Je souhaite que le Venezuela puisse trouver, au sein même de sa population, la solution à ces graves difficultés qui vous frappent depuis des années maintenant.

Merci d'avoir accepté cet exercice. Que l'on partage ou non vos opinions, je pense que chacun ici est très attentif à la libre expression de chaque parlementaire. C'est un point qui souligne la nécessité et l'utilité d'un parlement. Chaque parlementaire doit pouvoir s'exprimer normalement. Cela ne semble pas toujours être le cas, notamment en ce qui concerne l'organisation de cette rencontre. Croyez que nous le regrettons.

Je reprendrai ici le mot de Voltaire : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire ». C'est un élément auquel les parlementaires que nous sommes, toutes sensibilités confondues, sont très attentifs. Il est important pour nous de savoir que les forces politiques peuvent s'exprimer librement.

Nous vous souhaitons bonne chance dans la perspective des échéances qui arrivent. Nous attendons l'accord de l'ambassadeur du Venezuela pour venir présenter son analyse. Nous aurons l'occasion de lui faire des observations identiques.

Prenez soin de vous. Nous savons vos contraintes. Ces informations ont intéressé l'ensemble de nos collègues. Toutes les sensibilités étaient présentes. Je les en remercie. Nous aurons certainement l'occasion d'autres contacts.

Bonne chance pour la suite.

La réunion est close à 17 heures 30.

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