Nous sommes réunis pour l'examen du rapport de la commission d'enquête, créée à l'initiative du président du Sénat, pour l'évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies à la lumière de la crise sanitaire de la covid-19 et de sa gestion, dont le dépôt doit marquer la fin de nos travaux.
Lors de notre réunion constitutive, j'avais appelé votre attention sur les contraintes très particulières qui s'exerçaient sur notre calendrier : l'interruption en août pour la période estivale, le renouvellement sénatorial, mais aussi la session budgétaire et sociale, dont nous ne sommes pas totalement sortis. Surtout, l'objet de notre enquête était particulièrement évolutif, marqué par beaucoup d'incertitudes, avec le risque, confirmé depuis, que l'embellie du début de l'été ne signifie pas la fin de l'épidémie. L'Assemblée nationale a, quant à elle, entamé les travaux de sa propre commission d'enquête un mois plus tôt et procédé à la restitution de ses travaux la semaine dernière.
Pour revenir brièvement sur la genèse et l'état d'esprit qui ont présidé à nos travaux, il est évident que nous avons ressenti de la stupeur, beaucoup d'incompréhension et même de la colère devant l'état manifeste d'impréparation du pays face à l'épidémie de covid-19. Sidérés par la violence de l'épidémie et l'alourdissement inexorable du bilan humain, nous avons ressenti une forme de blessure d'amour-propre collective. Pour autant, une commission d'enquête n'est pas là pour en guérir, mais pour comprendre et proposer des solutions.
Il n'est donc pas dans notre objet de faire une lecture anachronique de l'histoire ni de jouer les procureurs. Le pouvoir judiciaire est, par ailleurs, saisi de la gestion de la crise et il lui appartiendra - et à lui seul - de rechercher s'il y a lieu des responsabilités individuelles. Nous ne saurions interférer dans ces procédures, pas plus que des juges n'interfèreraient dans les nôtres, qui sont de nature différente et poursuivent des objets différents.
Conformément aux missions du Sénat, nous avons interrogé dans un premier temps les acteurs du terrain et des territoires pour comprendre la façon dont cette crise a été gérée au plus près de ceux qui l'ont vécue. Je cède, sans plus attendre, la parole à nos rapporteurs pour qu'ils nous présentent les conclusions de leurs travaux, tout en soulignant combien leur tâche est difficile : ce rapport sur la crise de la covid-19, chacun a le sien en tête, tant chacun d'entre nous est marqué par cette crise : certains l'ont vécue comme soignant, d'autres comme patient, d'autres comme rapporteur dans leur commission et tous comme élu et citoyen.