Avant toute chose, je voudrais remercier mes collègues Sylvie Vermeillet et Bernard Jomier pour l'état d'esprit très positif dans lequel nous avons travaillé, ainsi que le président Alain Milon pour son appui attentif ; je voudrais également avoir une pensée particulière pour notre collègue René-Paul Savary, qui a présidé nos travaux en septembre.
Vous avez pu consulter le fruit - très copieux ! - de nos réflexions communes, dont il nous revient de vous livrer une trop brève synthèse en introduction de nos échanges. Ceux-ci se sont également nourris de votre participation très assidue et active aux travaux de la commission d'enquête. Nous ciblerons nos propos, à trois voix, sur quelques idées clés, à savoir les principaux constats et propositions que nous formulons dans le projet de rapport soumis à votre approbation.
Un premier constat général s'impose : le défaut de préparation, le défaut de stratégie ou plutôt de constance dans la stratégie et le défaut de communication adaptée sont des points malheureusement saillants de la réponse française à une crise sanitaire internationale de portée inédite. Un autre constat préalable est la discordance entre le ressenti des professionnels de terrain que nous avons tenu à entendre, teinté d'incompréhension, voire de colère, et le discours plutôt lénifiant des acteurs institutionnels entendus à la veille de ce qui s'est révélé être une deuxième vague particulièrement violente.
Nous avons cherché à livrer une analyse minutieuse et équilibrée, nourrie de nos auditions et de nombreuses contributions, ainsi que des documents sollicités auprès des responsables publics. Pour aborder sans plus tarder le coeur de nos travaux, je reviendrai d'abord sur le premier volet de notre analyse ; celui-ci porte sur la période qui a précédé l'annonce par le Président de la République d'engager le pays dans un confinement généralisé à compter du 17 mars.
Si notre dispositif de prévention des risques sanitaires est précocement mis en alerte, dès le 2 janvier, c'est-à-dire bien avant l'apparition des trois premiers cas importés identifiés le 24 janvier, des interrogations restent ouvertes sur cette période. C'est ainsi le cas des retards dans la prise de conscience internationale de la gravité de la situation et l'activation d'une réponse européenne coordonnée. C'est également le cas, au niveau national, des lenteurs dans la réponse et des insuffisances de la coordination interministérielle, alors même que le ministère « pilote », celui de la santé, connaissait le 15 février un changement à sa tête. La cellule interministérielle de crise (CIC) n'est activée que le 17 mars, ce qui n'a sans doute pas permis de manifester l'ampleur de la crise à venir et d'identifier en amont certaines difficultés rencontrées par la suite, notamment en termes de logistique.