Intervention de Sylvie Vermeillet

Commission d'enquête Évaluation politiques publiques face aux pandémies — Réunion du 8 décembre 2020 à 16h00
Examen du rapport

Photo de Sylvie VermeilletSylvie Vermeillet, rapporteure :

Cela me conduit à aborder le lourd enjeu de la prise en charge des plus âgés, les premières victimes du virus. Alors que la plupart des observateurs évoquaient le risque accru encouru par les personnes âgées dès fin janvier, notre impuissance à les protéger efficacement pose à nouveau la question, dix-sept ans après la canicule, de la place que notre société accorde aux plus vulnérables. Elle illustre une nouvelle fois les fragilités d'un système médico-social délaissé en raison du réflexe bien ancré, nous l'avons dit, d'hospitalo-centrisme.

L'administration de tutelle des Ehpad ne les alerte ainsi qu'à partir du 21 février. Les visites sont suspendues le 11 mars, cette décision étant devancée d'une dizaine de jours par des initiatives de groupes privés manifestement mieux informés. D'autres lacunes ont suivi. Ainsi le suivi épidémiologique du secteur est resté de longues semaines défaillant, et il est toujours rudimentaire ; le premier système de surveillance national de la situation dans les Ehpad n'a été opérationnel qu'à la fin du mois de mars et il laisse encore bien imprécise la connaissance de l'épidémie et de son bilan humain dans ces établissements. En outre, si les plans bleus ont été rendus obligatoires après la canicule de 2003, les Ehpad ont une culture du risque encore insuffisante, en étant largement dépourvus, par exemple, de plans de continuité d'activité.

Autre signe d'une perception d'abord et essentiellement sanitaire de la crise, le secteur du domicile, déjà sinistré, est resté longtemps « hors radar ». Ses acteurs ont pointé un manque d'anticipation regrettable, malgré des alertes venues de l'étranger et un manque de directives nationales claires, quand elles n'étaient pas contradictoires.

Le secteur a souffert de la pénurie d'équipements de protection et des carences de la politique de tests qui aurait gagné à y être précocement et massivement déployée. Nous formulons plusieurs propositions pour développer - enfin ! - une véritable culture du risque dans les Ehpad et déployer des solutions médicalisées innovantes, alors que le confinement est lourd de conséquences au plan sanitaire pour les personnes âgées.

Notre rapport souligne également, en dépit d'initiatives bienvenues, combien la double tutelle du secteur a pu constituer une source de confusion supplémentaire. Là aussi, la crise a exacerbé des difficultés préexistantes.

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