Victime en quelque sorte de son succès, la politique de tests désorganisée n'a pas ainsi permis d'endiguer la circulation du virus à la veille de la deuxième vague. Au final, le recours aux tests a souffert d'une carence de stratégie - à tout le moins d'hésitations -, qui a nui à son efficacité comme à la bonne compréhension de ses finalités. Surtout, elle ne s'est pas prolongée efficacement dans les deux autres volets du triptyque : « tracer » et « isoler ».
Si le développement de la base Système d'information de DEPistage (SI-DEP) a permis une mise en réseau des laboratoires pour les remontées de résultats des tests indispensables au suivi de l'épidémie, le traçage des patients et de leurs contacts, reposant essentiellement sur l'assurance maladie et non sur les médecins traitants, n'a trouvé qu'une portée limitée en pratique. Notre déplacement à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle nous a, par ailleurs, permis de constater le caractère largement perfectible du dispositif mis en place à l'arrivée des passagers dans les aéroports, dont le déploiement a été tardif.
Avant le lancement de sa deuxième version, les atermoiements dans le développement de l'application StopCovid, visant à assurer un traçage « à grande échelle », n'ont pas favorisé son appropriation par la population, symbole d'une défiance envers les pouvoirs publics.
Enfin, l'isolement a été réduit à l'incantation, au-delà des premières mesures de mise en quarantaine des rapatriés de Chine. Les offres d'hébergement alternatif proposées par des établissements hôteliers sont restées marginales, en l'absence de volonté d'assortir ces mesures de toute contrainte juridique. Au demeurant, il est étonnant de voir ce débat émerger à nouveau, alors qu'il s'est clos très vite au début de la crise.
Quels enseignements tirons-nous de ces constats ?