Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la secrétaire d’État, mesdames, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, nous devons réussir la transition énergétique. Nous sommes aujourd’hui confrontés à la menace d’une catastrophe irréversible : celle du réchauffement climatique et de ses conséquences, la fonte du pergélisol, la fréquence accrue des tempêtes et des inondations, la disparition des espèces. Notre exemplarité nationale doit être sans faille. Nous le devons à nos enfants, à nos petits-enfants et à tous ceux qui après nous viendront.
La semaine dernière, le Conseil d’État donnait trois mois à votre gouvernement pour prouver qu’il serait en mesure de respecter son engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.
Cette décision, qui fait suite à une saisine pour inaction climatique, est une première. Elle nous rappelle tristement que, si nous nous sommes fixé des objectifs, nous n’avons pas emprunté la bonne trajectoire pour les atteindre dans les délais impartis. Une nouvelle fois, les mesures prises ne sont ni à la hauteur des enjeux ni à celle des ambitions affichées.
La crise écologique que nous traversons est fortement liée à nos décisions en termes d’énergie, de mobilité, de rénovation thermique. Malheureusement, le budget de l’État pour 2021 n’est pas en mesure de créer les conditions d’une véritable transition énergétique. Les efforts financiers auxquels vous consentez dans le plan de relance sont en réalité en trompe-l’œil. Au regard de l’urgence, ce budget est insuffisant.
Pour ce qui est des transports et du ferroviaire, levier essentiel pour répondre aux défis écologiques, le compte n’y est pas. C’est pourtant sur ce terrain que nous pouvons remporter des succès en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre et d’amélioration de la qualité de l’air. L’insuffisant soutien au ferroviaire, au fret et au transport fluvial est d’ores et déjà lourd de conséquences. Le transfert à la carte des petites lignes est emblématique du contournement d’un Parlement qui a été insuffisamment informé lors de l’examen de la LOM. Nous en payons aujourd’hui les conséquences, car les petites lignes sont garantes de la survie de nos territoires.
Nous n’avons pas non plus de véritable plan de mobilité décarbonée cohérent ni d’alternative au tout-routier polluant ; en atteste notamment votre refus de taxer les SUV, pourtant lourdement émetteurs de gaz à effet de serre. L’électrification rapide du parc automobile est un impératif.
Certes, nous ne pouvons que soutenir le plan consacré à l’hydrogène vert. Et pourtant, force est de constater que nous investissons moins, en la matière, que certains de nos partenaires européens comme l’Allemagne, alors même que nous possédons un fleuron de l’industrie aéronautique, Airbus, qui compte d’ores et déjà se lancer dans l’avion vert. Le problème de l’approvisionnement en hydrogène vert est posé d’entrée de jeu ; le défi est de créer les infrastructures permettant une production plurielle pour des usages locaux.
Quant à la rénovation énergétique, enjeu à la fois social et climatique de premier plan, les travaux de rénovation des passoires thermiques à venir s’annoncent colossaux, sachant que la France figure parmi les plus mauvais élèves de l’Union européenne, comme nous le rappelle le Haut Conseil pour le climat.
Je tiens à souligner que l’objectif des 500 000 rénovations par an est non seulement insuffisant, mais, au rythme actuel, extrêmement loin d’être atteint. À la vérité, il en faudrait 750 000 pour faire disparaître en dix ans les passoires thermiques, ce qui serait un délai ma foi raisonnable.
Par ailleurs, le montant du chèque énergie ne répond pas à la violence de la crise sanitaire que nous traversons : 5, 5 millions de ménages sont aujourd’hui bénéficiaires d’aides pour un montant qui, variant de 48 à 277 euros, n’est pas à même de remédier à la précarité énergétique – vous en conviendrez.
Enfin, pour ce qui concerne les énergies renouvelables, aucun moyen supplémentaire, par rapport aux objectifs fixés par la programmation pluriannuelle de l’énergie, n’est mobilisé pour accélérer leur développement. Et pourtant, le développement des énergies renouvelables est plus qu’indispensable pour produire le fameux hydrogène vert dont je viens de parler et pour pallier un tant soit peu la fermeture progressive du parc nucléaire.
Je conclurai cette intervention en évoquant les territoires impactés par la fermeture des centrales à charbon et de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Les mesures prises pour accompagner ces territoires en transition sont largement en deçà du devoir social et territorial qui est le nôtre, celui de créer les conditions d’une véritable reconversion.
Il est temps, mes chers collègues, de faire de la question de l’énergie une véritable priorité. Ce changement implique des décisions radicales et un budget ambitieux qui ne nous est pas proposé aujourd’hui.
Vous l’aurez compris : nous ne voterons pas ces crédits.