Intervention de Martin Lévrier

Réunion du 30 novembre 2020 à 14h30
Loi de finances pour 2021 — Santé

Photo de Martin LévrierMartin Lévrier :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la mission « Santé » porte en elle et dans les lignes budgétaires qu’elle contient des valeurs chères à la France.

Derrière ces chiffres nous parlons, en réalité, de l’assistance pour soigner dignement ceux qui en ont besoin, du soutien à l’investissement dans nos territoires et enfin, de la prévention et de la sécurité sanitaires, si essentielles dans la situation actuelle.

Certaines données doivent être rappelées. Les crédits alloués à la mission dans le PLF pour 2021 s’établissent à 1 329, 2 millions d’euros en crédit de paiement et à 1 323, 9 millions d’euros en autorisations d’engagement, soit un montant en hausse d’environ 200 millions d’euros par rapport à 2020.

Cette mission repose sur deux programmes.

Les crédits du programme 183, « Protection maladie », dédiés à la gestion de l’aide médicale de l’État et, dans une moindre mesure, au financement du Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante, s’établissent à 1, 069 milliard d’euros et sont en croissance d’environ 140 millions d’euros par rapport à 2020.

Pour être précis, les crédits de paiement demandés pour 2021 pour l’action n° 02, concernant l’AME, augmentent de 15, 4 % par rapport à l’année dernière, ce qui représente 141, 6 millions d’euros de crédits supplémentaires.

Au vu de ces chiffres, certains diront que le coût prévisionnel de l’aide médicale de l’État continue de croître et que la réforme engagée en 2020 n’a pas permis de maîtriser cette dépense.

Il faut faire preuve de bon sens et reconnaître que les effets des réformes visant à mettre en place des projets de centralisation de l’instruction des demandes d’AME et de traitement des factures de « soins urgents » ne se font sentir qu’à moyen terme. Il faut aussi comprendre que cette hausse attendue des dépenses de l’aide médicale de l’État s’explique par une volonté de sincérité budgétaire, à mettre en regard des sous-budgétisations passées. Enfin, il faut la lier au contexte sanitaire, qui implique des rattrapages de soins et entraîne mécaniquement une augmentation du nombre de bénéficiaires.

Pourtant, mes chers collègues, certains d’entre vous ont la conviction que l’AME est un coût pour l’État.

Je leur rappelle que cette aide touche 300 000 personnes et représente 0, 5 % de l’ensemble des dépenses de santé de la population. Les maladies contagieuses ne choisissent ni leur pays ni l’origine de celui qu’elles contaminent !

À défaut de voir l’aide médicale de l’État comme une démarche humanitaire, nous pouvons nous dire que ne pas soigner les personnes concernées, c’est faire courir un risque à autrui. La covid, à l’instar de la tuberculose, ne s’interroge ni sur l’hôte contaminé, ni sur son parcours de vie, ni sur sa nationalité ou sa protection santé : chaque humain est un vecteur de transmission, ni plus ni moins ! Chaque humain peut tomber malade.

Au reste, nous savons que la prise en charge tardive d’une maladie est systématiquement plus coûteuse qu’une prise en charge à temps par la médecine de ville. Une réforme trop stricte de l’aide médicale de l’État risquerait d’engorger les urgences. Dans cette perspective, l’AME demeure un outil clé, dont les mesures visant à réduire le panier de soins ou à obliger les assurés à une participation financière pourraient mettre en péril le rôle pour la santé publique de notre pays.

La mission « Santé » comporte également le programme 204, qui soutient notamment la politique de modernisation de l’offre de soins, le pilotage de la politique de santé publique et des mesures de prévention. Ses crédits s’établissent à 260 millions d’euros, en raison principalement de l’engagement d’un plan d’investissement pour l’agence de santé du territoire des îles Wallis et Futuna, à hauteur de 45 millions d’euros. Nous nous en félicitons.

Les crédits que nous examinons financent également le développement des systèmes d’information de santé publique, dépense attachée à la crise sanitaire, à hauteur 4, 4 millions d’euros ; l’Académie de l’Organisation mondiale de la santé, avec 2 millions d’euros supplémentaires ; la hausse des crédits en faveur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

Par ailleurs, le programme 204 a été marqué par la gestion de la crise sanitaire, avec un relèvement de 5 millions d’euros lors de la loi de finances rectificative pour financer le dispositif d’indemnisation des professionnels de santé libéraux contaminés par la covid.

Comme nous le voyons, au-delà des chiffres que nous citons, ce budget marque des évolutions concrètes pour les citoyens de notre territoire. Les financements présentés nous semblent sincères, cohérents et mesurés, raison pour laquelle notre groupe votera ces crédits.

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