Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, l’examen de la mission « Santé » du PLF aurait été résolument différent si le transfert de Santé publique France n’avait pas été acté lors du dernier projet de loi de finances. Compte tenu de l’augmentation spectaculaire du budget de cette agence durant la crise – il est passé de 150 millions à 4, 8 milliards d’euros –, nous aurions eu beaucoup à dire. Nous avions d’ailleurs été nombreux, l’an dernier, à relayer les craintes que faisait naître ce transfert réalisé sous couvert de simplification concernant la visibilité des actions de Santé publique France et les crédits qui lui sont alloués.
En effet, malgré les missions régaliennes qui incombent à cette agence dans la gestion de la crise sanitaire, notamment pour la reconstitution des stocks stratégiques de matériels, la gestion financière des aspects sanitaires de la pandémie repose essentiellement aujourd’hui sur les crédits de l’assurance maladie, entraînant une confusion entre les budgets de la sécurité sociale et de l’État. Moins de 0, 5 % des crédits de la mission « Santé » sont ainsi rattachés à la gestion de la crise sanitaire.
L’essentiel des crédits restants concerne l’aide médicale de l’État, dont le budget passe, pour la première fois, la barre de 1 milliard d’euros. La réforme votée l’an dernier, visant à limiter les risques de détournement du dispositif, a pris du retard et certaines mesures ont été aménagées ou suspendues du fait de la pandémie. Alors qu’elle n’est pas encore pleinement mise en œuvre, cette réforme est déjà considérée comme insuffisante sur certaines travées de notre hémicycle.
Si le groupe du RDSE est, par principe, favorable au débat sur tous les sujets, sans tabou, il nous paraît important aujourd’hui de remettre les choses dans leur contexte. Ainsi, la hausse des dépenses d’AME en France ne peut être déconnectée du contexte international, donc des conflits armés, des déplacements de population, des crises économiques et des conséquences du changement climatique. Ces dépenses doivent être considérées comme faisant partie intégrante de notre politique de santé publique.
Toutefois, on ne peut faire l’économie d’une vraie réflexion sur le panier de soins.