Il est défavorable aux amendements identiques n° II-15 rectifié et II-53, par souci d’efficacité et pour laisser le temps aux dispositions adoptées l’an dernier de se déployer pleinement.
Réduire le panier de soins de l’AME ne constitue pas une mesure efficace de maîtrise de la dépense. Nous en avons débattu à de nombreuses reprises dans cette assemblée, notamment lors des PLFSS.
Les personnes concernées ne pourront plus être suivies pour leurs soins courants et n’iront qu’au dernier moment à l’hôpital, surchargeant nos services d’urgence. Et comme vous le savez, soigner des pathologies aggravées à l’hôpital coûte in fine toujours plus cher à la collectivité.
La voie que nous avions choisie l’an dernier était différente. S’il est impératif de préserver ces dispositifs, essentiels pour soigner ces personnes fragiles, il est également de notre devoir d’en limiter au maximum les abus et détournements possibles. C’est tout le sens des mesures qui ont été prises en 2019 et 2020 par le Gouvernement.
Leur mise en œuvre a certes été entravée par la crise sanitaire, mais le décret relatif aux neuf mois de carence pour bénéficier de certains soins programmés a bien été publié le 30 octobre dernier, contrairement à ce qui a été dit.
Ces deux amendements ne nous semblent donc pas apporter de réponse satisfaisante aux problèmes que vous soulevez.
Quant à la proposition de M. Jomier de demander un rapport sur l’intégration de l’AME à l’assurance maladie, nous restons de notre côté attachés à une séparation entre ce qui relève de la solidarité nationale, et donc de l’impôt, comme l’AME, et ce qui relève du risque assurantiel, qui est encore majoritairement payé par nos cotisations.
Assimiler l’AME au système de sécurité sociale ne ferait qu’alimenter certaines crispations ou tensions sur ce sujet sensible et affaiblirait peut-être l’adhésion au système de protection sociale.
Le rapport IGF-IGAS de 2019, que vous avez évoqué, étudiait déjà cette mesure et l’avait assez explicitement écartée. Il nous semble donc que le travail de rapport a été effectué et que c’est plus en informant sur les droits et en simplifiant les démarches pour les usagers et les professionnels de santé que nous lutterons contre le non-recours et le refus de soins. Nous avons mené plusieurs actions en ce sens, notamment en simplifiant les formulaires de demande ou en prévoyant un accompagnement plus attentionné d’un certain nombre de publics.
Pour ces raisons, nous sollicitons le retrait de l’amendement n° II-914. À défaut, l’avis sera défavorable.