Intervention de Raymonde Poncet Monge

Réunion du 30 novembre 2020 à 14h30
Loi de finances pour 2021 — Solidarités insertion et égalité des chances

Photo de Raymonde Poncet MongeRaymonde Poncet Monge :

Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, monsieur le secrétaire d’État, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, alors que notre pays traverse une crise sociale profonde, que les inégalités se sont accrues depuis le début de ce quinquennat, malgré les mesures obtenues par le mouvement des « gilets jaunes », et que le recours à l’aide alimentaire explose, nous avions besoin, en 2021, de politiques de solidarité ambitieuses et justes.

Pour le groupe écologiste, les crédits de cette mission ne répondent pas à ces enjeux, tout comme le plan de relance, qui ne consacre que 1 % des budgets à l’urgence sociale.

Par ailleurs, nous mesurons, avec la crise économique, les limites d’une politique de lutte contre la pauvreté centrée essentiellement sur les travailleurs pauvres, principaux bénéficiaires des aides de l’État, en compensation de politiques de bas salaires ou de temps partiel imposé, alors que la pauvreté dite « non laborieuse » fait trop souvent l’objet d’une stigmatisation, comme étant assistée.

En effet, le programme relatif à la prime d’activité va diminuer à la suite de la montée du chômage, sans pour autant que les montants libérés majorent d’autant les autres mesures contre la pauvreté, dont celles concernant les jeunes, les privés d’emploi, les étudiants ou les personnes issues de l’aide sociale à l’enfance, du fait notamment de leur exclusion du RSA.

Évidemment, comme la commission des affaires sociales, nous nous réjouissons de l’augmentation du dispositif d’emploi renforcé des travailleurs en situation de handicap, nécessaire pour que le droit à un égal accès à l’emploi devienne effectif, tout comme de l’augmentation des crédits dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes, après des années d’insuffisance.

En 2020, le Gouvernement a apporté des réponses conjoncturelles, comme l’aide exceptionnelle de solidarité, mais les acteurs du terrain les jugent insuffisantes et réclament des réponses pérennes face à la dégradation de la situation sociale à laquelle ils sont confrontés.

À Lyon, la permanence du Secours populaire qui accueille spécifiquement les étudiants a vu leur nombre doubler depuis le confinement. La précarité alimentaire connaît une hausse ininterrompue.

Concernant ces mesures d’urgence, nous regrettons le manque d’anticipation du Gouvernement pour reconduire des mesures exceptionnelles à la suite du reconfinement.

Dans l’ensemble, la mission démontre son incapacité à apporter des réponses pérennes à une crise sociale structurelle, simplement démultipliée par la crise sanitaire.

Nous ne pouvons valider le retour à la normale envisagé pour la mission en 2021. Par ailleurs, la situation normale, est-ce les 9 millions de pauvres de l’avant-crise ?

Une action de fond nécessite de réévaluer la dernière stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté et de revaloriser les minimas sociaux, en premier lieu le RSA, en l’ouvrant aux 18-25 ans. Nous regrettons l’irrecevabilité de nos amendements en ce sens.

Par ailleurs, l’État doit être bien plus présent aux côtés des collectivités locales, pour soutenir les centres communaux d’action sociale (CCAS), dont l’organisation et les budgets ont été fortement impactés depuis le premier confinement.

Dans le Rhône, le nombre de bénéficiaires du RSA a augmenté de 21 % en neuf mois. À la métropole de Lyon, le taux de couverture du RSA s’effondre, en passant de 54 % en 2015 à 44 % en 2020. Le manque à gagner s’élève à 25 millions d’euros.

En conclusion, parce que la crise sociale était là bien avant la crise sanitaire et qu’elle risque d’être la réalité de la prochaine décennie, un choc de solidarité et de justice devait intervenir dès maintenant. Les crédits 2021 de la mission sont loin d’en prendre la mesure. Nous voterons contre ces crédits.

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